« Je regardais trois à quatre pornos par jour. » Dans sa vidéo publiée en avril 2025, Tibo InShape se confie sur son parcours pour arrêter « complètement » le visionnage de contenu pornographique. Une vidéo intitulée « Mon addiction au porno » et vue plus de 1,8 million de fois à la fin octobre. Le premier youtubeur de France y déclare notamment avoir été accro à ce type de contenu en regardant plusieurs fois par jour des vidéos sur les sites pornographiques.
Un sujet que l’influenceur estime être « d’utilité publique » et qu’il a décidé de partager après avoir réussi à rester abstinent depuis un an, à l’époque de la publication de la vidéo. « Je suis plutôt fier de moi parce que ce n’était pas un défi facile, reconnaît Tibo InShape. Ça ne devient plus un plaisir mais un besoin. Je pouvais y aller quatre fois par jour sans aucun problème : le matin au réveil, entre midi et 14 heures petite pause, dans l’aprèm au goûter et avant de dormir. »
Mise en avant par des célébrités, notamment américaines, l’addiction à la pornographie est de plus en plus abordée dans la sphère politique ou dans les médias. Il y a plus de dix ans, le rappeur Kanye West confiait à W Magazine être « totalement accro au sexe et à la pornographie. Cela a commencé au lycée et depuis ça ne m’a jamais quitté. Ce sont de vraies obsessions ». La vidéo de Tibo Inshape n’est d’ailleurs pas la seule sur le sujet présente sur Youtube. La fin d’un sujet passé sous silence ? « Je ne dirais pas que c’est tabou mais ça reste un sujet en débat », aborde Maria Hernandez-Mora Ruiz del Castillo, psychologue clinicienne, souvent présentée comme une référence dans ce domaine.
L’addiction à la pornographie n’est d’ailleurs pas reconnue comme telle par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), rappelle la psychologue : « Mais l’institution mondiale a reconnu le trouble du comportement sexuel compulsif, c’est-à-dire un trouble dans lequel la personne perd le contrôle de sa sexualité, et une manière de perdre le contrôle de sexualité, ça peut être dans l’usage compulsif de pornographie et la masturbation compulsive. »
Des symptômes « présents dans d’autres addictions »
Maria Hernandez-Mora Ruiz del Castillo est la fondatrice du Cefraap (Centre francophone de ressources et d’accompagnement de l’addiction à la pornographie). Elle a notamment créé des consultations spécialisées pour l’addiction sexuelle et l’addiction à la pornographie au sein de l’hôpital Marmottan. « J’ai vu des patients qui étaient désespérés, se disant ‘de toute manière, personne n’a su répondre à cette question quand je suis allé demander de l’aide’ ou qui par honte n’ont jamais demandé de l’aide », explique la psychologue.
Maria Hernandez-Mora parle pour sa part « d’addiction » par son constat sur le terrain : « Ce sont des personnes qui présentent des symptômes qu’on retrouve dans les autres addictions comme la perte de contrôle ou une tolérance de plus en plus forte, c’est-à-dire qui ont besoin d’aller de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, de plus en plus intensément. »
« Ils ont besoin de voir du contenu de plus en plus trash pour pouvoir s’exciter. Donc ce phénomène d’accoutumance est vraiment central dans l’addiction et on le retrouve dans l’usage de pornographie. » Ajoute-t-elle.
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