Pourra-t-on, dans le futur, traiter la dépendance à l’alcool avec des psychédéliques comme la psilocybine issue de champignons hallucinogènes, le LSD ou encore la MDMA ? Après des résultats prometteurs chez le rat, des essais cliniques sont en cours en France…
L’utilisation des champignons hallucinogènes et autres psychédéliques est ancienne dans l’histoire de l’humanité. Elle aurait permis à l’être humain de faire un bond dans l’évolution en améliorant ses capacités cognitives et sociales.
Le sevrage alcoolique pouvant s’accompagner d’un délire hallucinatoire durant les premiers jours de l’arrêt de la consommation d’alcool, l’idée est alors apparue de traiter les hallucinations par un médicament issu de la substance active de champignons hallucinogènes, la psilocybine.
Utiliser du LSD contre l’addiction à l’alcool, une idée très ancienne
Traiter la dépendance à l’alcool avec des psychédéliques est une idée qui remonte au milieu du XXe siècle. À la fin des années 50, plusieurs publications, dont celle de Jensen & Ramsay, rapportent l’efficacité du LSD pour maintenir l’abstinence à long terme (6 à 18 mois) chez plus de la moitié des patients qui ont reçu une seule administration de LSD, en plus d’une psychothérapie.
En 2012, une méta-analyse de six essais cliniques incluant 536 participants constate qu’une seule administration de LSD fait deux fois mieux que le placebo dans la réduction de la consommation d’alcool.
En 2015, une étude de preuve de concept suggère, chez 10 patients alcoolodépendants, qu’une seule administration de psilocybine diminue de 70 % le nombre de jours de consommation d’alcool et le nombre de jours de forte consommation, et ce, jusqu’à 9 mois après le début du traitement.
Des essais avec la psilocybine, substance active de champignons hallucinogènes
Cette même équipe confirme ces résultats en 2022 avec un essai clinique contrôlé, randomisé et en double aveugle chez 95 patients alcoolodépendants qui montre la réduction du pourcentage de jours de forte consommation (9.7 % dans le groupe psychothérapie assistée de la psilocybine contre 23.6 % pour le placebo) après 8 mois de traitement.
L’ensemble de ces résultats est très prometteur car la psychothérapie assistée de la prise de psychédéliques semble très efficace avec un effet rapide et durable dans le temps et elle est associée à peu d’effets secondaires. Il faut noter aussi que les psychédéliques n’entraînent pas d’addiction.
Ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives de traitement de l’addiction à l’alcool, en complément des cinq médicaments et des psychothérapies disponibles actuellement en France mais qui présentent une efficacité limitée (le baclofène et le nalméfène pour réduire la consommation, et l’acamprosate, le naltrexone et le disulfiram pour le maintien de l’abstinence).
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