Addiction au travail : êtes-vous un "workaholic'" qui s'ignore ?

Un accro du boulot peut présenter des "symptômes" assez diverses, qui ne sont parfois repérés que tardivement par les médecins.

Autres addictions comportementales

Vous travaillez 12 heures par jour sans y être contraint, vous ne vous détendez jamais complètement, à la maison, à la plage, vous avez besoin de rester constamment connectés, vous vous investissez de manière exagérée dans votre travail… Vous êtes peut-être un « workaholic » ou « accro au boulot » qui s’ignore. Mais comme les manifestations de ce « syndrome » – encore largement méconnu – peuvent varier grandement d’une personne à l’autre, « l’addiction » au travail n’est souvent repérée que tardivement par les médecins, au stade des complications (dépression, burn-out…), selon le Dr Michel Lejoyeux, psychiatre et addictologue.

Un boulomane se reconnaît par exemple au nombre de kilomètres qu’il est prêt à faire en vacances pour se rapprocher d’une borne wifi »

« Elle n’est pas mise en avant spontanément (par les patients). Il faut aller la chercher derrière des symptômes tels que des céphalées, une grosse fatigue, des troubles du sommeil, du stress ou même de l’hypertension », a expliqué le Dr Lejoyeux lors des entretiens de Bichat qui se sont tenus à Paris du 8 au 10 octobre 2015. Parmi les symptômes les plus fréquents, il cite « un besoin de travailler en permanence et une sensation de manque lors des interruptions de travail »« Un boulomane (ou accro au travail) se reconnaît par exemple au nombre de kilomètres qu’il est prêt à faire en vacances pour se rapprocher d’une borne wifi », dit-il sur le ton de la plaisanterie.

SYMPTÔMES. Plus généralement, le boulomane « ne sait pas se détendre » et travaille « essentiellement sur un mode de maîtrise obsessionnelle ». Mais tous ne seraient pas des travailleurs compulsifs. Parmi les différents types, le Dr Lejoyeux cite le perfectionniste qui procrastine longuement, hésite et vérifie avant de commencer ou encore le boulomane « gourmet » qui travaille par petites touches.« On a un génie personnel pour se mettre la pression soi-même », note-t-il, « ce qui empêche de gamberger et de nous retrouver confrontés à nous-mêmes ». Des problèmes familiaux peuvent conduire à « surinvestir » le travail, mais dans d’autres cas, ce sont les managers qui « abusent » de cette tendance, ajoute-t-il en déplorant une addiction « encouragée socialement et aggravée par les nouvelles technologies ». Pour le Dr Laurent Karila, un autre psychiatre addictologue, l’addiction au travail résulte d’une « interaction entre l’environnement familial ou professionnel, d’un mode de fonctionnement personnel et de facteurs génétiques ».