“Addiction” hors-série sur la réglementation du marketing de l’alcool : une étude questionne l’efficacité de la Loi Evin pour protéger les mineurs des publicités sur l’alcool

Parmi les articles de ce numéro hors-série de Addiction, figurent les résultats d’une enquête réalisée en France parmi un échantillon représentatif de plus de 6500 lycéens français. L’étude a été réalisée conjointement par l’OFDT et le département de santé publique de Rennes, et elle avait pour but d’évaluer l’exposition des lycéens à la publicité pour l’alcool, dont ils sont censés être protégés depuis l’adoption de la Loi Evin en 1991.

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assemblée nationaleLe mois dernier est paru un numéro hors-série de Addiction intitulé « La réglementation du marketing de l’alcool : de la recherche aux politiques de santé publique ». C’est un sujet particulièrement crucial, car on sait que, pour les substances psychoactives autorisées, les mesures réglementant les ventes et la publicité sont souvent celles qui ont le plus d’impact sur les niveaux globaux d’usage.
Parmi les articles de ce numéro hors-série de Addiction, figurent les résultats d’une enquête réalisée en France parmi un échantillon représentatif de plus de 6500 lycéens français. L’étude a été réalisée conjointement par l’OFDT et le département de santé publique de Rennes, et elle avait pour but d’évaluer l’exposition des lycéens à la publicité pour l’alcool, dont ils sont censés être protégés depuis l’adoption de la Loi Evin en 1991.

Cette loi a en effet entrainé la suppression de la publicité pour le tabac mais aussi une suppression partielle de la publicité pour l’alcool dans les principaux médias. Comme le rappellent les auteurs, certaines mesures de la loi Evin ont été révisées depuis 1991, et d’autres n’ont jamais été mis en place, notamment la taxation sur les profits des industriels pour la mise en place d’actions de prévention. En 2009, la loi Bachelot a partiellement autorisé la publicité pour l’alcool sur Internet. Enfin, en 2015, la loi Evin a été modifiée pour ne plus être appliqués aux boissons alcoolisées faisant l’objet de caractéristiques gastronomiques ou attachées officiellement à un terroir. En 2015, les auteurs ont donc voulu évaluer quel était l’impact de la Loi Evin sur l’exposition aux publicités pour l’alcool chez les lycéens.

Les résultats sont éloquents. La majorité des lycéens déclaraient qu’ils avaient été exposés à de la publicité pour l’alcool au cours du mois écoulé, que ce soit dans les supermarchés (pour 73,2% d’entre eux), dans des films (66,1%), dans des magazines ou des journaux (59,1%), sur des panneaux d’affichage dans la rue (54,5%), ou bien sur Internet (54,1%). 27,8% des participants se rappelait du type de boisson sur lequel la publicité portait, 18,2% la marque, 19,6% avaient trouvé la publicité attractive (avec une préférence pour les garçons).

Ces résultats sont à mettre en parallèle avec d’autres données présentées dans ce hors-série, notamment que l’importance et la précocité de l’exposition à la publicité pour l’alcool chez les mineurs sont significativement associées au moins à l’importance de l’usage et aux risques de conséquences, et, de manière moins systématiquement retrouvé, à la précocité de l’usage d’alcool. En cette année présidentielle, la discussion sur le renforcement de la loi Evin, ou en tout de cas de sa bonne application, est très vraisemblablement un sujet au moins aussi important en matière de santé publique que les débats actuels, par exemple sur la légalisation du cannabis.

 

 

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