ADDICTIONS COMPORTEMENTALES / Le calcul de seuils pour définir un « usage à faible risque » de jeux de hasard et d’argent

L’usage d’alcool fait habituellement l’objet de recommandations de santé publique, qui visent à proposer des seuils maximum d’usage. Ces seuils séparent ce que l’on appelle classiquement l’usage « à risque » de l’usage dit « simple » d’alcool. Les anglo-saxons préfèrent parler d’un « usage à faible risque », sur la base du fait que des consommations même très faibles d’alcool entrainent un sur-risque épidémiologique faible mais constant pour la survenue de certains cancers.

Alcool

L’usage d’alcool fait habituellement l’objet de recommandations de santé publique, qui visent à proposer des seuils maximum d’usage. Ces seuils séparent ce que l’on appelle classiquement l’usage « à risque » de l’usage dit « simple » d’alcool. Les anglo-saxons préfèrent parler d’un « usage à faible risque », sur la base du fait que des consommations même très faibles d’alcool entraînent un sur-risque épidémiologique faible mais constant pour la survenue de certains cancers. Mêmes s’ils ont une importance fondamentale pour les messages de santé publique, les seuils de l’usage simple sont constamment débattus. En France, on connaissait les fameux seuils « de l’OMS » (qui n’ont pourtant jamais eu aucun rapport avec l’OMS..), et qui étaient de 14 verres-standard (140g d’alcool) par semaine pour les femmes et 21 verres-standard par semaine pour les hommes, et moins de 4 verres-standard pour les femmes (5 pour les hommes) par épisode de consommation. Récemment, un rapport d’experts de Santé Publique France a introduit des « repères » (et non plus des « seuils ») plus bas, en préconisant un maximum de 2 verres-standard par jour, quel que soit le sexe.

L’idée d’introduire des seuils similaires pour d’autres substances est compliqué voire discutable. On sait que l’usage léger ou occasionnel de tabac est associé à des sur-risques très important en matière cardiovasculaire et oncologique. De la même façon, pour tout un tas de raisons légales et médicales, il sera sans doute difficile de proposer des repères ou des seuils pour un « usage à faible de risque » de cannabis, même si la diffusion du cannabis médical et la communication en matière de santé publique seraient des raisons valables d’y réfléchir.

En revanche, pour les comportements hors-substance susceptibles d’entrainer des troubles addictifs, c’est une vraie question qui n’a jamais réellement été abordée scientifiquement jusqu’à présent. Dans cette étude publiée dans Addiction, des équipes canadiennes ont étudiées les pratiques de gambling de presque 4000 joueurs sur plusieurs années, et en fonction de leur fréquence de jeu et des sommes investies, ils ont calculé quels pouvaient être les seuils au dessus desquels le risque de développer un trouble de l’usage de jeux de hasard et d’argent devenait saillant.

 

Ils proposent ainsi que la pratique de gambling devrait être inférieure à 8 épisodes de jeu par mois, et que les sommes investies devraient être inférieures à 75 dollars canadiens par mois (soit environ 50€), ou bien à moins de 1,7% des revenus mensuels. Au dessus de ces seuils, les chercheurs ont calculé que le risque de présenter un trouble ultérieur est quatre fois plus élevé. De tels repères sont bien sûr intéressants à considérer en matière de messages de prévention à diffuser auprès du grand public. Pas sûr en revanche qu’ils plaisent et soient correctement relayés par les casinos et professionnels du domaine. De plus, ces repères, comme pour ceux de l’alcool, ne sont que très généraux, et ne disent rien des facteurs de vulnérabilité individuels auxquels s’intéressent les addictologues.

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