Addictions / Dis-moi à quoi tu es addict, je te dirais qu’elle est ta personnalité

L’élaboration du DSM 5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition) a permis d’ouvrir une réflexion sur les diagnostics addictologiques, en particulier au niveau des addictions dites comportementales. Celles-ci mettent en jeu les mêmes mécanismes que les addictions avec substance mais centrés sur le comportement.

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L’élaboration du DSM 5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition) a permis d’ouvrir une réflexion sur les diagnostics addictologiques, en particulier au niveau des addictions dites comportementales. Celles-ci mettent en jeu les mêmes mécanismes que les addictions avec substance mais centrés sur le comportement. Il conduit, comme l’usage de substance, à une récompense à court terme, peut entrainer une perte de contrôle, et peut persister malgré les conséquences néfastes qu’il engendre.

 

Jusqu’à présent, le jeu pathologique a été l’addiction comportementale la plus étudiée. Des similitudes ont été retrouvées entre celle-ci et le trouble d’usage de substance en ce qui concerne la phénoménologie, l’épidémiologie, les facteurs de personnalité, la génétique, les processus neurobiologiques, le pronostic et le traitement. La dépendance aux jeux vidéo et aux ordinateurs s’en rapproche, mais n’est actuellement pas formalisée dans les classifications.

 

Ces troubles se ressemblent et sont souvent co-morbides. On retrouve par exemple une association très fréquente entre jeux pathologique et trouble d’usage de substance chez les adolescents et jeunes adultes. Pourtant, les facteurs de risque et de vulnérabilité, spécifiques ou communs, à ces addictions sont encore mal connus.

 

La littérature retrouve que les sujets présentant un trouble d’usage de substance peuvent présenter un certain nombre de caractéristiques : recherche de sensation forte, impulsivité plus importante, faible niveau d’anxiété, trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), dispositions agressives et dépressives, extraversion, et faible estime de soi.

En ce qui concernes le jeu pathologique, on retrouve une forte impulsivité, une recherche de sensation, un niveau élevé d’anxiété ainsi que l’existence de symptômes de dépression ou de TDAH.

Enfin, les jeunes dépendants à l’ordinateur et aux jeux vidéo se caractérisent dans la littérature par une plus faible compétence sociale, une faible estime de soi, une forte impulsivité, et des symptômes de dépression, d’anxiété et de phobie sociale.

Walther et collaborateurs ont donc voulu évaluer la présence de traits de personnalité spécifiques ou communs chez les sujets présentant une co-dépendance aux substances, au jeu pathologique et aux jeux vidéo.

Ils ont retrouvé que le jeu vidéo problématique n’était associé qu’à la consommation de cannabis, alors que le jeu pathologique était associé à la consommation d’alcool, de tabac, et de cannabis.

En ce qui concerne les éléments de personnalité, l’impulsivité élevée est le seul trait associé au 3 types de dépendances. Les symptômes dépressifs et l’extraversion n’était associé qu’au trouble d’usage de substance, tandis que l’irritabilité/agressivité, l’anxiété sociale, le TDAH et la faible estime de soi était plus spécifiquement liés au jeu vidéo problématique.

Ils en concluent donc que les joueurs pathologiques sont plus semblables aux consommateurs de substance en ce qui concerne les traits de personnalité, et que l’inclusion de ces deux entités dans une même catégorie diagnostic semble pertinent.

Par Julien Cabé

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