Alcool, cannabis, écrans, anorexie... Les ados sont-ils plus sensibles aux addictions ?

Leur besoin de transgression les porte à expérimenter. Aussitôt, on pense aux drogues, à l’alcool, au tabac. A ces consommations qui parfois les rendent dépendants s’ajoutent les écrans et les jeux vidéo. Leur cerveau y serait prédisposé...

Alcool
Toutes les drogues modifient l’état de conscience et apaisent souvent les angoisses. Avant de devenir négatives, elles vont apporter un plaisir immédiat car toutes agissent sur le cerveau. Chez les ados, ce processus est encore accentué, car ces drogues agiront en particulier sur la zone de récompense, le système limbique (la partie émotionnelle), et plus précisément le noyau accumbens, qui, s’il est activé, procure du bien- être. Or l’évolution de cette zone cérébrale pendant l’adolescence rend le jeune particulièrement sensible et réceptif à la récompense, un mécanisme à l’œuvre dans toutes les addictions, qu’elles soient à un produit (alcool, nicotine, cannabis, aliments…) ou à un comportement (jeux, sexe, sport…). « Leur traduction neurobiologique est une libération de neurotransmetteurs comme les endorphines, la sérotonine et la dopamine, qui procurent une sensation de bien-être », précise Jean-Luc Martinot.

Un gène responsable…

Si les facteurs psychologiques de l’addiction restent obscurs, les mécanismes cérébraux altérant la maîtrise de soi sont, eux, mieux connus depuis peu. Des neurobiologistes franco-canadiens* ont en effet découvert en 2015 que, chez certaines personnes, un déficit en glutamate, neurotransmetteur essentiel à l’équilibre du système de la récompense, serait en cause dans l’addiction. Cela expliquerait pourquoi, sur deux personnes consommant le même produit, l’une deviendrait dépendante et l’autre pas. En bloquant le gène VGLUT3, essentiel à la communication avec le glutamate, les chercheurs ont trouvé en effet que cela déclenchait une vulnérabilité plus intense à la cocaïne, puis à l’addiction. La mutation naturelle du gène qui bloque le neurotransmetteur est dix fois plus fréquente chez les patients polytoxicomanes sévères que chez les autres. Un subtil équilibre du glutamate éviterait l’emballement du système et l’entrée dans l’addiction.

* Laboratoire Neuroscience Paris-Seine et Institut universitaire en santé mentale Douglas-Montréal, Institut Mondor de recherche biomédicale.

6 règles d’or devant l’addiction

  1. Maintenir le dialogue : Être à l’écoute est un préalable essentiel pour ne pas passer à côté d’une addiction.
  2. Informer objectivement : Dès 11 ans, au début du collège, il faut parler de la réalité des dangers en restant le plus objectif possible.
  3. Ne jamais banaliser ni laisser tomber : Parce qu’ils se sentent impuissants, certains parents sont tentés de laisser l’adolescent prendre ses responsabilités, ce qui les conduit à la banalisation. Cette attitude peut aussi être vécue par le jeune comme un abandon et entraîner une surenchère provocante.
  4. Rester rigoureux, mais pas rigide : Il ne s’agit pas de vouloir tout contrôler coûte que coûte. Échapper au contrôle des parents deviendrait alors pour l’adolescent une fin en soi, quitte à se mettre en danger.
  5. Ne pas agir en miroir : Devant les provocations de l’adolescent qui ne contrôle pas ses émotions, surtout rester calme…
  6. Donner l’exemple : « Fais ce que je dis, pas ce que je fais » ne marche jamais. Mais, parfois, moins exiger compte tenu de son propre parcours s’avère plus sage, et surtout plus efficace.

Avec le Dr Olivier Phan, pédopsychiatre et addictologue.

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