ALCOOL / Epaisseur corticale et empathie chez des sujets à haut risque de développer un trouble d’usage

Les sujets ayant des parents biologiques au premier degré avec un trouble d’usage d’alcool (TUA), ont une probabilité plus élevée de développer un TUA. Or, la perturbation du traitement des émotions et de l’empathie chez les sujets avec un TUA est d’autant plus importante qu’elle est liée à un usage problématique d'alcool et à la rechute.

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Les sujets ayant des parents biologiques au premier degré avec un trouble d’usage d’alcool (TUA), ont une probabilité plus élevée de développer un TUA. Or, la perturbation du traitement des émotions et de l’empathie chez les sujets avec un TUA est d’autant plus importante qu’elle est liée à un usage problématique d’alcool et à la rechute.

Dans cette étude, les auteurs ont souhaité évaluer l’association entre empathie et épaisseur corticale dans des zones cérébrales liées à l’empathie chez des sujets avec un TUA comparé à un groupe à haut-risque (HR) de développer un TUA (ie avec des antécédents familiaux d’alcoolo-dépendance) ou non-HR. En effet, l’étude des modifications de la structure corticale et de leur association avec la cognition et la personnalité chez les sujets avec un TUA et les sujets HR pourrait permettre d’identifier des facteurs de risque neuropsychologiques potentiels.

Treize patients avec un TUA, 14 sujets HR et 20 sujets non-HR ont bénéficié d’une imagerie cérébrale par une IRM 3 Teslas avec des séquences pondérées en T1 afin d’évaluer les différences d’épaisseur corticale. L’épaisseur corticale dans les zones liées à l’empathie était ensuite corrélée avec les résultats d’un auto-questionnaire évaluant quatre sous-composantes de l’empathie : imagination, adoption de perspective,  préoccupations empathiques et difficultés personnelles.

Les sujets avec un TUA présentaient une épaisseur corticale réduite dans les deux hémisphères, en particulier dans les régions frontales et insulaires liées à l’empathie, par rapport aux sujets HR et non-HR. En revanche l’épaisseur corticale n’était pas significativement différente entre ces deux derniers groupes.

Etonnamment, des scores plus élevés d’adoption de perspective étaient associés à une diminution de l’épaisseur corticale dans le gyrus frontal inférieur droit, le gyrus frontal supérieur gauche et médian droit. Des scores plus élevés d’imagination étaient associés à une augmentation de l’épaisseur corticale dans l’insula droite et gauche, alors que des difficultés personnelles étaient associées à une diminution de l’épaisseur corticale à la fois dans le gyrus frontal inférieur et le gyrus insulaire droit.

Ces données préliminaires mettent en évidence une réduction de l’épaisseur corticale dans les régions cérébrales associées à l’empathie chez les patients avec un TUA par rapport à des sujets sains avec ou sans prédisposition familiale à un TUA. Cependant ces résultats restent à pondérer compte-tenu du faible échantillon de sujets et de potentiels facteurs confondants tels que le traitement, le genre et le sevrage.

Par Louise Carton

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