ALCOOL / La transplantation pour une maladie alcoolique du foie : est ce juste ?

La maladie alcoolique du foie (MAF) constitue la deuxième étiologie de transplantation hépatique aux Etats-Unis et en Europe, après le le VHC. Allouer des organes chez des patients avec une MAF est controversé depuis des années, avec une évolution récente du débat à la lumière des dernières publications concernant l’hépatite alcoolique aiguë (HAA).

Alcool

La maladie alcoolique du foie (MAF) constitue la deuxième étiologie de transplantation hépatique aux Etats-Unis et en Europe, après le le VHC. Allouer des organes chez des patients avec une MAF est controversé depuis des années, avec une évolution récente du débat à la lumière des dernières publications concernant l’hépatite alcoolique aiguë (HAA).

Les principaux enjeux éthiques d’une transplantation hépatique pour une MAF impliquent le degré d’urgence, l’utilité et l’équité. Les objections concernant l’intervention sont principalement de deux types : ceux basés sur le suivi médical des patients avec une MAF et le risque de rechute post-transplantation, et ceux basés sur  un sentiment d’injustice de fournir une telle ressource chez des patients avec une pathologie considérée comme « auto-infligée ».

La pratique courante recommandant une abstinence de 6 mois avant l’inscription sur liste est controversée avec des données issues de la littérature contradictoires et non concluantes. Cette règle pose notamment problème pour les patients avec une HAA, dont la mortalité peut atteindre 50% à 3 mois. De tels patients devraient-ils être transplantés en dépit d’un délai d’abstinence considéré comme insuffisant ? Pour les auteurs, alors qu’exclure tous les patients avec une HAA condamnerait au décès ceux qui auraient pu bénéficier de la transplantation, les patients devraient être rigoureusement sélectionnés avec un suivi accru par la suite permettant une prise en charge rapide et efficiente de toute rechute.

Les sujets transplantés pour une MAF ont la même survie que les sujets qui n’ont pas été transplantés pour cette étiologie, voir même de meilleurs résultats que ceux transplantés pour un VHC. La rechute post-transplantation hépatique est moins fréquente que celle souvent imaginée, mais peut être responsable d’une mortalité accrue lorsqu’elle est associée à une reprise importante des consommations.

La MAF continuera d’être une des principales causes de défaillance hépatique. Pour les auteurs, les principaux critères de transplantation hépatique dans cette pathologie devraient être le risque pour le patient de retourner à une consommation d’alcool dommageable, déterminés entre autres par l’anamnèse du TUA, l’insight, le support social et la durée d’abstinence. L’éligibilité devrait être décidée in fine par une équipe multidisciplinaire incluant des psychiatres spécialistes de l’addiction et/ou des psychologues. En cas de MAF, une abstinence totale en alcool représente l’intervention la plus à même d’allonger la durée de vie du patient, le préparer à une inscription sur liste si c’est nécessaire et lui assurer une meilleure survie en post transplantation hépatique.

 

Par Louise Carton 

 

 

Consulter en ligne