Alcool : le grand oublié de la lutte contre les violences conjugales (France Info)

Dans près des trois quarts des cas de violences conjugales hétérosexuelles, l’homme est alcoolisé. Néanmoins, le Grenelle des violences conjugales n’a pas prévu d’aborder cette question.

Alcool

« Deux tiers des victimes indiquent que le partenaire était sous l’influence de l’alcool »

Dans son article « L’alcool favorise-t-il les conduites d’agression physique et verbale entre partenaires intimes ? » paru en 2017 [1], le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue va plus loin. « Deux tiers des victimes de violence perpétrée par un partenaire intime indiquent que ce dernier était sous l’influence de l’alcool lors de la commission des faits. La fréquence des ébriétés est liée à une élévation des violences envers un partenaire intime« , indique-t-il.

Le chiffre de 2012 de l’ONDRP est en effet très probablement minimisé, d’après la sociologue Claudine Pérez-Diaz, co-autrice du livre Violence conjugale, Missions et finalités concrètes de l’intervention pénale [2]. « Sur l’ensemble des victimes de violences conjugales, seule une petite partie porte plainte. Il y a ensuite une grande déperdition au moment des déclarations, puis lors de l’enregistrement des plaintes. Bien souvent, elles restent au stade de main courante » développe-t-elle.

Un lien entre alcool et agressivité établi par la recherche

L’alcoolisation du conjoint violent est en outre fréquemment minimisée, souligne Claudine Pérez-Diaz. « L’analyse d’alcoolémie n’est pas forcément faite lors de la procédure. C’est obligatoire, mais la police intervient très souvent après les faits. Alors elle se base sur les déclarations des victimes et de leur entourage » explique la sociologue.

Pour le Pr Michel Reynaud, addictologue et président du Fonds Actions Addictions, il est scandaleux que le sujet soit absent du Grenelle des violences conjugales. Et pour cause : la recherche a établi depuis longtemps une association directe entre consommation d’alcool et hausse de l’agressivité. « L’alcool est un facteur déclenchant, on le voit aussi bien dans les études statistiques que dans les reprises d’analyses policières et judiciaires » précise l’addictologue. Plusieurs méta-analyses ont en effet conclu « à un effet causal et linéaire de l’alcool sur les conduites agressives des hommes et des femmes » note Laurent Bègue.

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