Alcool : "Pour protéger la santé publique, il faut agir comme avec le tabac"

Alcool

Au mois d’octobre, un groupe de médecins a adressé une lettre ouverte à la ministre en charge de la santé pour alerter sur la nécessité, selon eux, de mettre en place une politique de prévention plus ambitieuse pour réduire l’impact de l’alcool sur la santé publique.

« Cet avis reflète bien celui de la communauté scientifique et médicale », remarque Mickael Naassila, professeur à l’Université Picardie Jules Verne et directeur du Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances (GRAP). Ombelliscience l’a rencontré dans son laboratoire.

Impact sanitaire d’une drogue légale

« On sait depuis longtemps que l’alcool a des conséquences désastreuses sur la santé » rappelle Mickael Naassila. « L’alcool est cancérogène, neurotoxique, provoque des maladies cardiovasculaires, des maladies du foie, des troubles mentaux et perturbe le système immunitaire ». À ces effets long terme s’ajoutent les divers comportements à risque, accidents et violences, ainsi que le risque de coma éthylique en cas d’alcoolisation importante. Par ailleurs, il est bien connu que l’alcool met en danger le fœtus durant la grossesse. Étant donnés ses effets délétères et la dépendance qu’il peut entraîner, l’alcool constitue de fait une drogue comme une autre.

Issu de la dégradation de certains sucres,
l’éthanol est présent dans les boissons
alcoolisées et dans les biocarburants

En cause : la molécule « alcool », ou éthanol. Quelle que soit la boisson alcoolisée, on retrouve cette même molécule, responsable de l’ivresse. Il en découle que c’est avant tout la quantité d’alcool pur consommé qui détermine l’ampleur des dommages, et non le type de boisson. Les risques augmentent exponentiellement avec la consommation. Cela concerne aussi le vin, parfois mis à part : « il s’agit d’un alcool comme un autre, et les études montrent aujourd’hui clairement que ses éventuels effets protecteurs ne compensent pas ses effets nocifs, même pour une faible consommation », souligne Mickael Naassila. Rappelons que l’idée selon laquelle un verre de vin par jour serait bon pour la santé repose en partie sur un biais méthodologique des études qui comparaient des consommateurs modérés à des abstinents, dont d’anciens grands consommateurs ayant arrêté pour raison de santé (effet « sick quitter »).

En savoir plus sur le site echosciences-hautdefrance.fr

Consulter en ligne