ALCOOL / Pronostic au long-cours de la consommation contrôlée d’alcool par rapport à l’abstinence dans le trouble d’usage d’alcool : résultat d’un suivi de cohorte de 9 ans.

Avec l’arrivée du baclofène puis du nalméfène, le milieu addictologique français a introduit le concept de réduction de consommation et consommation contrôlée dans ses pratiques. Ces concepts existaient d’ailleurs dans le monde anglo-saxon bien avant leur arrivée en France. En pratique, ils sont souvent confondus, mais n’ont rien à voir. La réduction de consommation est un moyen, c’est la stratégie de réduction lente de consommation, par opposition au sevrage classique.

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Avec l’arrivée du baclofène puis du nalméfène, le milieu addictologique français a introduit le concept de réduction de consommation et consommation contrôlée dans ses pratiques. Ces concepts existaient d’ailleurs dans le monde anglo-saxon bien avant leur arrivée en France. En pratique, ils sont souvent confondus, mais n’ont rien à voir. La réduction de consommation est un moyen, c’est la stratégie de réduction lente de consommation, par opposition au sevrage classique. La consommation contrôlée, c’est une fin, c’est le fait d’arriver à atteindre manière stable une consommation « normale », c’est-à-dire à risque faible en termes de conséquences médicales et sociales. La consommation contrôlée peut être atteinte par réduction de consommation, ou bien par reprise d’usage simple d’alcool après une période préalable d’abstinence.

 

 

Bien que les sujets avec consommation contrôlée d’alcool aient fait l’objet de beaucoup d’études ayant montré la réalité d’un tel objectif chez au moins une partie des patients, les sceptiques pointaient du doigt le manque de données sur le très long terme, et sur ce point ils avaient raison. L’étude d’Andrea Kline-Simon et collègues (Californie) qui vient de paraître dans Drug & Alcohol Dependence, apportent des données intéressantes sur ce point. Les auteurs se sont intéressés à une cohorte de sujets atteints de trouble d’usage d’alcool et ayant fait l’objet d’une prise en charge addictologique de 6 mois. Au bout de ces 6 mois, ils sont évalué si les sujets étaient abstinents, en consommation contrôlée, ou en mésusage persistant d’alcool, et ils sont allés voir 9 ans plus tard le statut de consommation des sujets.

 

Les auteurs rapportent que 95% des patients abstinents initialement, et 94% des patients initialement en consommation contrôlée d’alcool, étaient abstinents ou en consommation contrôlée à 9 ans. Les patients abstinents ou en consommation contrôlée initialement ne présentaient pas à 9 ans de différence statistique en terme de conséquences physiques, psychiatriques, ou sociales.

 

Même si l’on sait que tous les patients avec trouble d’usage d’alcool ne pourront pas atteindre un état de consommation contrôlée d’alcool durable (mais certains n’atteignent pas non plus d’abstinence durable), cette étude suggèrent que la consommation contrôlée d’alcool n’est pas un feu de paille, et peut se révéler stable sur une décennie entière. Par ailleurs, le maintien d’un usage minimal d’alcool ne semble pas associé à des risques médicaux ou sociaux plus élevés.