ALCOOL / Un prix minimum est-il envisagé en France ?

Promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’instauration d’un prix minimum par unité de boisson alcoolisée est expérimentée depuis mardi en Ecosse. En France, cette mesure censée lutter contre l'alcoolisme est plébiscitée par les professionnels de santé, au grand dam de la filière viticole.

Alcool

L’Ecosse serait-elle à la pointe de la lutte contre l’alcoolisme, en particulier chez les jeunes et les plus précaires ? Une chose est certaine : mardi, cette nation est devenue la première au monde à instaurer, au terme d’une âpre bataille judiciaire avec les fabricants de whisky, un prix plancher pour l’alcool, toutes boissons confondues. Adoptée en 2012, cette mesure, bientôt mise en place au pays de Galles et à l’étude en Irlande du Nord, consiste en un prix minimum unique, fixé à 50 pence (0,57 centime d’euro) par unité d’alcool (soit 10 grammes d’alcool pur). Ce qui donne, depuis le 1er mai dans les magasins d’Edimbourg, de Glasgow ou d’Aberdeen 14 livres minimum (15,87 euros) pour une bouteille de whisky de 70 centilitres et 5 livres (5,67 euros) pour une bouteille de cidre de 2 litres.

Depuis 2010, la mise en place d’un prix minimum pour la vente d’alcool pour réduire ses méfaits est promue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). «Les consommateurs, y compris les gros buveurs et les jeunes, sont sensibles au changement du prix des boissons, indique par exemple l’organisation dans sa stratégie mondiale visant à réduire l’usage nocif de l’alcool. On peut recourir aux politiques de prix pour diminuer la consommation parmi les jeunes n’ayant pas l’âge minimum légal, arrêter la progression vers l’absorption de volumes d’alcool importants ou les épisodes de consommation excessive, et influer sur les préférences des consommateurs.» Une recommandation partagée au niveau européen par les associations de professionnels de santé, comme l’EASL (European Association for the Study of the Liver), la Société européenne d’hypertension artérielle (ESH) et la Société européenne de cardiologie (ESC).

Interdire les prix cassés

En France, contrairement au Royaume-Uni, le débat autour de cette mesure est embryonnaire. Mi-avril, une trentaine de médecins – des addictologues, hépatologues, pneumologues, etc. – ont réclamé du gouvernement que soit mis en place, parmi d’autres mesures de prévention des risques de l’alcool, un prix minimum par unité d’alcool autour de 50 centimes d’euros. «Cela permettrait de taxer plus fortement les alcools les moins chers et d’interdire les prix cassés»,soutient auprès de Libération Bernard Basset, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), auteur de cette lettre ouverte. En ligne de mire, entre autres : les boissons d’entrée de gamme comme les bouteilles et cubis de vins à moins de deux euros ainsi que les rhums à bas coût, et lebinge drinking, soit le fait très courant chez les 18-25 ans de boire le plus vite possible.

Ce type d’initiative vient d’ailleurs d’être mis en place en Ecosse avec un prix minimum de 50 pence (57 centimes) par unité d’alcool ce qui équivaut à 15 euros 60 minimum pour une bouteille de whisky et 5.2 euros pour une bouteille de vin.