Alcoolisme: «Je ne pense pas que l’on puisse s’en sortir seul» (Le Figaro)

TÉMOIGNAGE - Sophie, 53 ans, a vu sa consommation lui échapper au moment de son divorce. Cette cadre en communication raconte son combat contre l’alcool.

Alcool

Selon une récente enquête de Santé publique France, plus d’une femme sur quatre boit de l’alcool au moins une fois par semaine en France. Et parmi elles, 5% boivent quotidiennement. Une fréquence de consommation excessive, puisqu’il est recommandé de ne pas excéder deux verres par jour et de se ménager au moins deux jours par semaine sans alcool. Toutefois, toutes ces femmes ne souffrent pas d’alcoolisme chronique. Mais certaines seront peut-être touchées un jour par cette maladie. Sophie*, 53 ans, en a fait l’expérience. Après des années à nier le problème, cette cadre dans le secteur de la communication est parvenue à s’en sortir. Elle a accepté de partager son histoire.

* Le prénom a été modifié

LE FIGARO. – Pouvez-vous nous raconter la façon dont a commencé votre addiction?

Sophie. – Quand j’étais étudiante, je ne buvais pas du tout, j’étais très sérieuse. C’est arrivé plus tard, avec la vie de couple. Mon mari était très intéressé par l’œnologie et, de façon plus générale, par toutes les activités autour du vin comme les visites de caves. À la maison, il y avait une bouteille sur la table tous les soirs. J’allais souvent boire un verre avec mes collègues, en sortant du travail. Je n’ai jamais fait partie des gens qui boivent le matin. Et ça n’a jamais été les alcools forts, ni même la bière, uniquement le vin. On arrive facilement à boire une bouteille par jour, sans même s’en apercevoir.

À quel moment votre consommation est-elle vraiment devenue problématique?

Tout a éclaté lors de la séparation avec mon conjoint. Beaucoup de rituels ont volé en éclat, comme le rendez-vous quotidien du dîner. À partir de là, j’ai décidé de ne pas avoir d’alcool chez moi pour ne pas boire seule. Donc je trouvais plein d’excuses pour boire à l’extérieur, dans des bistrots. Il y a un côté extrêmement chaleureux et désinhibant: rien de plus facile que de parler à son voisin après quelques verres. J’essayais de me réconforter, d’avoir de la vie autour de moi, et non de rester seule. On ne voit que les aspects positifs, même si l’on se rend bien compte que c’est de plus en plus dur de se lever le matin. Ce n’est que des mois plus tard que je me suis aperçue du problème. À partir de là, j’ai ressenti énormément de culpabilité et de mal-être.

Comment s’est faite cette prise de conscience?

«Même si cela a parfois été source de conflits, la franchise de mes proches m’a permis d’ouvrir les yeux. Il vaut mieux s’engueuler une bonne fois que de faire semblant de ne pas voir le problème.»

Sophie

Ce sont mes frères et sœurs qui ont commencé à me dire très gentiment que je buvais trop. Au début, on est dans le déni. Je leur répondais «ne vous inquiétez pas». On a toujours l’impression qu’on aura la force d’arrêter de boire quand on veut. Heureusement que j’ai eu ma famille, sinon je serais encore dedans. Si personne ne vous le dit, si personne ne s’inquiète pour vous, on ne s’en rend pas compte. Même si cela a parfois été source de conflits, leur franchise m’a permis d’ouvrir les yeux. Il vaut mieux s’engueuler une bonne fois que de faire semblant de ne pas voir le problème.

Voir la suite du témoignage sur le site du Figaro.

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