Alcoolisme : pourquoi les « wonder women » sont-elles de plus en plus touchées ?

Contrairement aux idées reçues, les femmes touchées par l’alcoolisme ne sont pas esseulées ou désocialisées. Au contraire, ce sont souvent des « wonder women », très actives. Eclairage avec Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre addictologue.

Alcool

De plus en plus de femmes sont touchées par la maladie alcoolique. Contrairement aux idées reçues, celles que vous recevez en addictologie sont souvent des femmes actives, plutôt bien intégrées. Comment l’expliquez-vous ?

Fatma Bouvet de la Maisonneuve : Je rencontre aujourd’hui des « hyper-femmes », des « wonder women », qui sont au taquet en permanence, dans leur travail, dans leur famille, et qui sont rongées par le souci de tout réaliser au mieux dans tous les domaines. Les femmes qui tombent dans la maladie alcoolique ont du mal à supporter les rares moments de calme, de creux dans leur existence. Elles ont tendance à boire plutôt seules, le soir, à la maison, dans un contexte de tristesse, voire dépressif. Elles expriment une sensation d’ennui profond et un désir de s’assommer, de « raccourcir ces temps de vide ». C’est une expression qui revient de plus en plus souvent dans la bouche des patientes.

Pourquoi ces femmes, visiblement bien intégrées, actives, ont-elles plus tendance à sombrer dans la maladie alcoolique ?

FBM : Dans le monde professionnel, beaucoup de femmes ont du mal à adopter les codes masculins. Concrètement, elles disent : « Je suis obligée de mettre un costume d’homme au travail pour me faire respecter et être autoritaire alors qu’on me manque de respect. D’un autre côté, chez moi, je me transforme en femme « douce »». Elles sont forcées d’adopter des postures « viriles » dans leur profession, où elles sont souvent moins considérées que les hommes.

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