Altération de la reconnaissance des émotions dans le trouble de l’usage d’alcool : les raisons de la colère

Le trouble de l’usage d’alcool est associé à une altération des capacités de cognition sociale et du fonctionnement émotionnel. Ces difficultés peuvent notamment concerner la perception et l’identification des expressions faciales émotionnelles. Toutefois, il persistait jusque-là un doute sur le fait que ces difficultés soient liées au trouble de l’usage d’alcool lui-même ou aux symptômes anxio-dépressifs qui lui sont souvent associés.

Alcool

Le trouble de l’usage d’alcool est associé à une altération des capacités de cognition sociale et du fonctionnement émotionnel. Ces difficultés peuvent notamment concerner la perception et l’identification des expressions faciales émotionnelles. Toutefois, il persistait jusque-là un doute sur le fait que ces difficultés soient liées au trouble de l’usage d’alcool lui-même ou aux symptômes anxio-dépressifs qui lui sont souvent associés.

Les auteurs de ce travail ont donc comparé les capacités de reconnaissance des émotions faciales (comme la joie, la surprise, la tristesse, la peur, la colère et le dégoût) chez 19 sujets souffrant de trouble de l’usage d’alcool, et 19 volontaires sains. Ces 38 sujets ont été examinés à l’aide d’une batterie neuropsychologique d’évaluation de la reconnaissance des émotions (Cambridge Neuropsychological Test Automated Battery Emotion Recognition Task). Chaque participant devait indiquer l’émotion qu’il identifiait sur une série de photographie de visages obtenus à partir d’un morphing (mélange de 2 visages par informatique) plus ou moins intense entre un visage neutre et le même visage exprimant une des 6 émotions évaluée. Au total 180 photographies ont été présentées aux sujets. Les deux groupes étaient comparés sur la rapidité de leurs réponses, le taux de bonne réponse et les patterns de mauvaise réponse (c’est à dire la tendance à mal identifier systématiquement la ou les mêmes catégories d’émotions).

 

Il n’y avait pas de différence entre les deux groupes concernant le nombre d’erreur ou la rapidité de réponse. Toutefois, les patterns de réponses étaient différents : les sujets contrôle avaient plutôt tendance à mal identifier en les qualifiant de joyeux par erreur, tandis que les sujets souffrant de trouble de l’usage d’alcool se trompaient plus souvent en identifiant un visage de manière erronée comme en colère ou dégouté. De manière significative, plus ce biais de reconnaissance était marqué, et plus les sujets souffrant de trouble de l’usage d’alcool avaient déclaré une consommation élevée sur les 90 jours précédant l’évaluation. A contrario, il n’y avait pas de corrélation significative avec les scores de dépression ou d’anxiété.

Ces résultats semblent conforter l’existence de troubles de la cognition sociale chez les sujets souffrant de trouble de l’usage d’alcool. Ils précisent les mécanismes impliqués en soulignant que le biais de reconnaissance des émotions faciales semble relativement indépendant des modifications de l’humeur et résulte dans la perception erronée d’expression d’hostilité.

Nicolas Cabé 

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