Apparition ou persistance d’un mésusage d’alcool après initiation d’un médicament de substitution orale aux opiacés : une étude du Lancet Psychiatry.

C’est un problème que les soignants qui prennent en charge les usagers d’héroïne connaissent bien. Un mésusage d’alcool peut émerger ou s’aggraver après l’arrêt de l’héroïne. Généralement, l’expérience clinique est de considérer que le médicament de substitution aux opiacés (MSO) n’est pas assez dosé, et de proposer au patient d’augmenter les posologies.

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Addiction Alcool - Apparition ou persistance d’un mésusage d’alcool après initiation d’un médicament de substitution orale aux opiacés : une étude du Lancet Psychiatry.

un train un auterC’est un problème que les soignants qui prennent en charge les usagers d’héroïne connaissent bien. Un mésusage d’alcool peut émerger ou s’aggraver après l’arrêt de l’héroïne. Généralement, l’expérience clinique est de considérer que le médicament de substitution aux opiacés (MSO) n’est pas assez dosé, et de proposer au patient d’augmenter les posologies. Tout cela reposait en grande partie sur du constat clinique, et manquait de données « evidence-based ».

Dans le Lancet Psychiatry vient de paraître un article sur l’ensemble des patients mis sous MSO dans le canton suisse de Zürich entre 1998 et 2014, soit plus de 8000 sujets. Les auteurs ont analysé les trajectoires globales des patients vis-à-vis de différentes substances psychoactives. Ils ont notamment mis en évidence que, si les usages d’héroïne et de cocaïne diminuaient significativement après l’initiation du MSO, ce n’était pas le cas de l’usage d’alcool, qui pouvait même augmenter. Ils constataient par ailleurs qu’en 2014, 22,5% des sujets traités par MSO présentaient un usage d’alcool au moins 5 fois par semaine.

Cette étude donne une bonne illustration des « passerelles » entre substances psychoactives, et de la nécessité d’avoir une approche globale en addictologie, et de ne pas négliger les autres usages de substances chez les usagers d’héroïne. L’étude avait toutefois certaines limites. Il est notamment dommage qu’elle ne se soit pas intéressée aux doses de MSO, en particulier aux liens entre posologies de MSO et fréquence de l’usage d’alcool. Un tel constat aurait pu venir soutenir l’hypothèse d’une recherche d’effet complémentaire par l’alcool chez les sujets ayant un MSO insuffisamment dosé.

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