
Les troubles mentaux sont fréquents chez les personnes qui souffrent d’un trouble lié à l’usage d’opioïdes. Cette revue a synthétisé les données disponibles sur l’association entre les troubles mentaux comorbides et la poursuite du traitement par buprénorphine ou méthadone. Les auteurs australiens à l’origine de cette publication ont réalisé une recherche systématique menée en 2025 dans PubMed, Embase et PsycInfo à l’aide de termes de recherche liés aux troubles liés à l’usage d’opioïdes et aux traitements agonistes opioïdes tels que la buprénorphine ou la méthadone. Les études incluses portaient sur des adultes âgés de 18 ans ou plus qui présentaient des troubles liés à l’usage d’opioïdes dans n’importe quel contexte de traitement, et mesuraient les troubles mentaux ou les symptômes de troubles mentaux et la rétention dans le traitement à la buprénorphine ou à la méthadone.
Ainsi, sur les 16 056 articles examinés, 48 cohortes ont été incluses dans l’analyse, représentant 151 570 personnes. Les résultats de la méta-analyse montrent que les personnes qui souffrent de troubles de l’humeur ou de troubles de la personnalité sont plus susceptibles d’abandonner le traitement à la buprénorphine à 12 et 24 mois que les personnes qui ne souffrent pas de ces troubles spécifiques. À 24 mois, les personnes qui souffrent de dépression, de trouble bipolaire, de trouble de stress post-traumatique, de trouble panique et de trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité sont plus susceptibles d’avoir arrêté le traitement à la buprénorphine que les personnes qui ne souffrent d’aucun trouble mental. Les personnes qui souffraient de troubles psychotiques et de troubles de la personnalité étaient plus susceptibles de poursuivre le traitement à la méthadone à 24 mois que les personnes qui ne souffraient pas de ces troubles spécifiques ou d’aucun trouble mental.
Conclusions :
Chez les personnes qui souffrent d’un trouble lié à l’usage d’opioïdes, les troubles mentaux sont associés à une moins bonne poursuite du traitement à la buprénorphine à partir de 6 mois. Certains troubles mentaux étaient en revanche associés à un maintien dans les soins plus important, ce qui justifie les recommandations qui préconisent d’utiliser la méthadone en cas de troubles mentaux sévères. Le petit nombre de cohortes dans chaque analyse souligne la nécessité de mener d’autres études examinant le lien entre les troubles mentaux et la poursuite du traitement à la buprénorphine ou à la méthadone. Cette revue souligne l’importance du rôle des cliniciens dans l’évaluation des troubles mentaux comorbides afin de faciliter la mise en place de soins appropriés à long terme et d’améliorer les résultats du traitement.
Par Benjamin ROLLAND
En savoir plus (accès gratuit) : https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0376-8716(25)00221-2