Association d’usage de cannabis à l’adolescence et d’un risque de dépression et suicide à l’âge adulte

Cannabis

Le cannabis est la substance illicite la plus consommée dans le monde. 3.8% de la population mondiale déclare en avoir consommé durant l’année précédente et 21.5% de français âgés entre 15 et 34 ans au moins une fois dans leur vie.

L’usage de cannabis à l’adolescence est associé, classiquement, à des performances scolaires diminuées, un décrochage scolaire, ou encore un déclenchement plus précoce de troubles psychotiques. Cette méta-analyse pose la question spécifique d’un risque accru de dépression, d’anxiété et de conduites suicidaires à l’âge adulte chez des consommateurs de cannabis à l’adolescence.

Onze études longitudinales incluant au total 23 317 individus furent incluses dans les analyses. Toutes les études étaient ajustées par des évaluations en baseline de dépression, d’anxiété ou de conduites suicidaires. Les auteurs ont retrouvé un risque augmenté par 3 de tentative de suicide, par 1.5 d’idées suicidaires et par 1.37 de dépression entre 18 et 32 ans lors de consommations de cannabis avant l’âge de 18 ans. Les troubles anxieux à l’âge adulte n’étaient pas associés à l’usage de cannabis avant l’âge de 18 ans. Commencer une consommation avant l’âge de 15 ans était d’autant plus à risque de conduites suicidaires à l’âge adulte.

Rappelons que le suicide est la première cause de décès chez les 25-35 ans, et la seconde chez les 15-24 ans. Il s’agit donc d’un problème de santé publique. L’association retrouvée entre tentative de suicide et cannabis à l’adolescence est un point important qui pourrait être la cible de mesures de prévention. D’un point de vue neurobiologique, les auteurs avancent l’hypothèse de la perturbation de l’élagage synaptique. L’élagage des connexions synaptiques est étroitement associé à la phase d’apprentissage et au développement de l’enfant et l’adolescent. Il permet d’affiner les faisceaux neuronaux, mais également d’éliminer les structures neuronales devenues obsolètes ou déficientes. Une consommation de psychotropes durant cette période aurait donc un impact différent d’une consommation succédant l’élagage.

Par Mikaïl Nourredine
interne en psychiatrie, DESC de pharmacologie
Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL)

& Benjamin Rolland
MCU-PH, Responsable de Service
Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL)

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