Association entre atteintes cognitives légères, consommation d’alcool, et risque de démence

Résultats d’une méta-analyse parue dans Aging Clin Exp Research

Alcool

Le Mild Cognitive Impairment (MCI), entité clinique se situant entre le vieillissement cérébral physiologique et la démence, concernerait une partie importante de la population âgée, estimée parfois jusqu’à 25.2 %. L’une de ses évolutions possibles est une progression des troubles cognitifs vers un état démentiel et concernerait 5 à 10 % des patients atteints d’un MCI par an.

L’absence de traitements permettant de soigner le MCI rend primordiale l’identification de facteurs pouvant influencer l’apparition de cette entité, ainsi que les facteurs entrainants l’évolution de celle-ci en démence. Cela pourrait permettre un travail de prévention au sein de la population.

Plusieurs études se sont intéressées sur la potentielle relation entre alcool – MCI et alcool -progression de celui-ci en démence. Malheureusement, jusqu’à présent, il était difficile d’interpréter ces études du fait de la grande hétérogénéité des méthodes utilisées pour quantifier et catégoriser les consommations d’alcool.

Par ailleurs, une méta-analyse a mis en évidence la consommation d’alcool en tant que facteur pouvant influencer l’apparition de démences, notamment lorsque la consommation était importante, c’est-à-dire supérieure ou égale à 23 verres/semaine ou à 38 grammes/jour.

Cette étude a pour but de présenter une synthèse des différentes études portant sur cette thématique déjà réalisées, permettant ainsi d’obtenir une vision globale sur la relation potentielle alcool et apparition d’un MCI puis sur celle possible entre alcool et évolution du MCI en démence.

Pour cela, les auteurs ont pris en compte l’ensemble des études de cohorte prospectives parues avant le 1er octobre 2019 qui s’intéressaient à l’association alcool – MCI et évolution de celui-ci en démence, sans restriction sur d’autres pathologies potentielles. Ces études devaient par ailleurs rapporter la consommation d’alcool sous la forme d’au moins 3 catégories qui pouvaient être par la suite quantifiées en unités d’alcool, 1 unité d’alcool correspondant à 8 g d’alcool et 1 verre correspondant à 12 g d’alcool. Les 3 catégories étaient ainsi définies comme : consommation d’alcool légère en-dessous de 7 verres/semaine ; consommation modérée entre 7 et 14 verres/semaine et consommation forte lorsqu’elle était supérieur à 14 verres/semaine.

6 études correspondant à ces critères ont été gardées pour cette méta-analyse.

 Concernant le MCI :

Une fois les unités de fréquence de consommation (nombre de fois/semaine) converties en quantité (verre/semaine) pour uniformiser les résultats des différentes études, il n’y a pas d’association significative retrouvée entre le MCI et des consommations légères à modérées d’alcool. Néanmoins, une relation linéaire potentielle entre consommation élevée d’alcool et d’apparition d’un MCI est suggérée, mais cette association est peu robuste, car elle n’est plus retrouvée lors du changement d’unités en grammes/jour.

 Concernant l’évolution du MCI vers un état de démence :

Seule une forte consommation d’alcool, soit plus de 14 verres/semaine, a montré une association significative avec une évolution au stade démentiel d’un MCI.

Une relation non linéaire en fonction des doses d’alcool consommées a aussi été mise en avant, et ce que la quantité d’alcool soit exprimée en verres/semaine ou en grammes/jour.

Ainsi, d’après cette méta-analyse, consommer plus de 16 verres/semaine d’alcool ou plus de 27.5 d’alcool/jour augmenterait le risque de progression des troubles cognitifs.

Pour conclure, cette méta-analyse mis en évidence qu’une consommation importante d’alcool pourrait favoriser une progression d’un MCI vers un état démentiel. Néanmoins, une association entre MCI et alcool est suggérée mais reste peu claire. Cette association hypothétique a besoin d’être étayée par de futures études. En effet, l’une des limites principales de cette méta-analyse est le faible nombre d’articles pris en compte. L’intérêt clinique apparaît pourtant primordial : si une telle association était retrouvée dans plusieurs travaux de recherche, cela pourrait justifier la mise en place de conseils de prévention sur des habitudes de vie dans le but de réduire la progression des MCI.

Par Charlotte SARCIRON, interne en psychiatrie à Lyon

Relecture : Pr Benjamin ROLLAND

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