Au-delà du moi - Quand les psychédéliques bousculent la conscience, un récit de Mathilde Ramadier

Éditions du Faubourg, septembre 2025

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Au-delà du moi un récit de Mathilde Ramadier

Dans une époque qui invite à tenter le tout pour le tout pour aller toujours mieux, les expériences psychédéliques et les thérapies qui y sont associées ont le vent en poupe. Les articles et documents scientifiques, ou assimilés, les approches décalées, en marge d’une médecine et pharmacopée traditionnelle, se multiplient. Il s’agit d’ouvrir le champ des possibles dans un domaine laissé en friche il y a quelques décennies pour des raisons prohibitionnistes.

LSD, DMT, MDMA, psilocybine, autant de molécules qui agitent les psychonautes du monde entier et connaissent un regain d’intérêt dans les champs aussi vastes que la santé mentale, la psychiatrie et l’addictologie. Des protocoles thérapeutiques encadrés voient le jour ici ou là pour tenter de traiter des pathologies souvent résistantes comme certaines dépressions, le syndrome de stress post-traumatique, ou même des troubles de l’usage de substances psychoactives…

Quand un sujet intrigue autant, et que l’on veut en savoir plus, rien de mieux, pense l’autrice de cette enquête journaliste, que de vivre l’expérience du dedans par soi-même et d’interroger vingt-six autres psychonautes qui ont tenté l’immersion psychédélique.

Les quatre-vingts premières pages du récit seront alors consacrées au trip-report de Mathilde qui s’essaie au breuvage ayahuasca, une potion aux vertus hallucinogènes qui fait beaucoup parler d’elle et suscite depuis quelques années des vocations chamaniques plus ou moins authentiques et sérieuses…

Il s’agit bien ici de recherche expérientielle en prenant appui sur son vécu personnel et celui d’autres hommes et femmes pour essayer de comprendre comment une plongée en soi permet à l’égo de se dissiper en partie pour laisser de la place à une possible guérison.

Beau programme que celui de transformer sa relation à soi pour aller mieux, mais difficile alors d’établir des constantes. Chaque expérience sous psychédélique est personnelle et singulière. De plus, les risques inhérents à chaque usage de substance à potentiel psychoactif aussi important se doivent, tant faire se peut, d’être réduits, médicalement et psychiquement.

L’autrice met en garde contre l’idée même de thérapie miraculeuse qui dissoudrait tous les maux dans la marmite des traumatismes enfuis enfin révélés et mis à distance.

La guérison est un processus, et les traitements à base de psychédéliques doivent rester à leur juste place sans glorification excessive. Il s’agit, avant tout ici, de décaler son regard vers de nouvelles perspectives thérapeutiques…

Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr