Comment Vilfredo Pareto peut vous aider à comprendre la consommation d'alcool et à agir sur les dommages

Au 19ème siècle, l’économiste italien Vilfredo Pareto a mis en exergue, à travers plusieurs études, que dans son pays, 80% des richesses étaient détenues par 20% de la population. Le principe de Pareto, aussi appelé le principe des 80-20, est un phénomène empirique applicable dans de nombreux domaines : environ 80% des effets sont le produit de 20% des causes.

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Connaissez-vous le principe de Pareto ?

Au 19ème siècle, l’économiste italien Vilfredo Pareto a mis en exergue, à travers plusieurs études, que dans son pays, 80% des richesses étaient détenues par 20% de la population. Le principe de Pareto, aussi appelé le principe des 80-20, est un phénomène empirique applicable dans de nombreux domaines : environ 80% des effets sont le produit de 20% des causes.

Le principe de Pareto propose ainsi une méthode générale permettant de trier un quelconque agrégat en 2 parties : les problèmes vitaux et les problèmes les plus secondaires, c’est-à-dire identifier les propriétés des problèmes stratégiques et les séparer des autres.

Les problèmes managériaux présentent en général les mêmes propriétés et permettent de faire de ce principe un outil universel d’analyse dans de nombreux domaines ; stratégie, gestion, organisation, management…, en concentrant les actions sur les objectifs les plus efficaces. L’application de ce principe pourrait aider à guider la politique de prévention des dommages liés à l’alcool.

 

Le principe de Pareto peut-il s’appliquer aux dommages liés à l’alcool ?

 Il est possible de faire le lien entre les quantités consommées et les dommages entrainés. Et l’on retrouve dans tous les cas une croissance exponentielle des dommages en fonction des quantités.

Par exemple, la mortalité routière liée à l’alcool est multipliée par 2 pour une alcoolémie de 0,50 g, par 10 pour 0,80 g, par 35 pour 2,50 g (cf. prévention routière). De même, 70 % des cirrhoses, des pancréatites, des cancers ORL sont liés à une consommation d’alcool supérieure à 6 verres par jour (dont 50 % pour les consommations supérieures à 10 verres par jour).

Cette courbe exponentielle se retrouve pour tous les dommages (comas éthyliques, violences, …).Mais le plus parlant est de faire le lien entre la mortalité toutes causes confondues et la consommation d’alcool. Les données sont connues de tous les épidémiologistes et reprises par l’OMS. Ainsi, depuis de nombreuses années, Jurgen Rhem a mis en évidence la corrélation exponentielle entre les quantités consommées d’alcool et la mortalité.

 

Le principe de Pareto peut-il s’appliquer à la consommation d’alcool en France ?

La courbe ci-dessous, établie par l’OFDT  et Santé Publique France en 2014, met en évidence que :

  •  8% de la population consomme 49% de l’alcool commercialisé
  • 20% de la population consomme 75% de l’alcool commercialisé
  • 33% de la population consomme 90% de l’alcool commercialisé

Ainsi donc, les ventes de l’industrie alcoolière se concentrent à 75% sur les populations ayant un problème avec l’alcool ou des consommations excessives susceptibles d’en engendrer un.

En l’absence de données venant directement des producteurs ou de l’Etat, nous avons des éléments de confirmation avec les chiffres données par la filière Vin et société : il n’y a que 16% des français qui sont des consommateurs réguliers.

Donc le principe de Pareto s’applique bien à la compréhension de la consommation et à l’analyse de la vente d’alcool.

Les alcooliers prétendent prôner une consommation modérée mais si 80 % des français sont au-dessous du seuil de 3 verres/jour, il faut savoir que ce sont les 20 % restant (les consommateurs excessifs et les dépendants) qui consomment les ¾ des alcools vendus : le modèle économique des alcooliers est bâti sur les consommations excessives.

Quelles conséquences ?

 L’alcool est mauvais pour la santé certes, mais indiscutablement bon pour le plaisir : l’alcool, et le vin, sont sources de plaisirs, de convivialité, d’empathie et font partie intégrante de notre culture. Chacun devrait donc pouvoir choisir en conscience le niveau de risques qu’il accepte au regard du niveau de plaisir qu’il recherche. Mais, lorsqu’on est au-delà des consommations modérées, les risques pour soi-même et pour autrui deviennent majeurs.

 Si la nocivité de l’alcool, même à faible dose, est établie, il faut néanmoins considérer les niveaux de risque pour proposer une politique et soucieuse du respect des choix individuels.  Comme le risque relatif croit de manière exponentielle en fonction de la consommation journalière, il est donc possible de réduire considérablement la morbi-mortalité en se concentrant sur les consommations excessives : schématiquement, 80 % des français boivent dans des limites acceptables. En revanche, les 20 % restant concentrent 80 % des dommages, mais aussi 75 % des ventes et des bénéfices. Il faut donc réduire et dénormaliser ces consommations excessives, en particulier chez les jeunes.

On peut donc en déduire les actions qui seraient réellement efficaces :

–          La mise en place d’un prix minimal de l’alcool qui diminuera les consommations des jeunes et les excès ;

–          La taxation et le contrôle de la publicité pour l’alcool et son interdiction en direction des mineurs ;

–          La taxation des premix à base de vin qui incitent les très jeunes à consommer ;

–          La mise en place d’un fonds de 100 millions d’euros par an (géré par la CNAM), pour financer des actions de prévention de la consommation excessive d’alcool, abondé par le produit de la taxation des dépenses de publicité.

–          Le soutien des pouvoirs publics à la mise en place d’un « Mois de janvier sobre » (Dry january).

Pour plus de détail sur le principe de Pareto et les références, vous pouvez consulter l’article complet dont ce billet est la synthèse.