
Pas question pour Lazhar de se laisser mourir d’une overdose sans avoir tenté le tout pour le tout. Nous y reviendrons… Ce professeur de piano est adepte de DMT (diméthyltryptamine), substance hallucinogène synthétique qu’il fabrique lui-même et vapote une fois par jour. Ces trips durent généralement une quinzaine de minutes et se matérialisent graphiquement ici par l’apparition de rosaces colorées.
Le jeune homme défend son usage comme étant sécurisé et non addictif. Il insiste même auprès d’une amie à lui pour qu’elle tente l’expérience en sa compagnie après s’être libérée d’une peur qu’il juge irrationnelle.
Lazhar, contrarié par le refus catégorique de son amie, décide ce jour-là de prendre une deuxième dose de DMT, mais cette fois-ci avec le narguilé électronique que lui a offert une élève. Malgré ses appréhensions d’une nouvelle préparation jamais essayée et d’un nouveau mode de consommation, le musicien se lance…
L’effet est bien plus fort que d’habitude, avec des couleurs qui s’échappent de lui et le submergent. Son père, décédé très jeune, tué suite à une altercation avec des dealers, lui apparaît même… Lazhar fait finalement un arrêt cardiaque et sort de son corps. Les aiguilles de l’horloge tournent alors au ralenti, le temps pour l’esprit de Lazhar d’essayer de réintégrer un corps qui lui résiste et ne veut plus de lui. Les seuls avantages de ses nouvelles dispositions immatérielles, c’est qu’il peut voler et surtout traverser les murs de son appartement et de son immeuble pour tenter de trouver de l’aide auprès d’une voisine qui, contrainte et forcée, ne peut empêcher qu’il pénètre son esprit et ses souvenirs pour lui mettre la pression… Rien n’y fait.
Cette voisine, Anna, ne peut pas intervenir pour sauver ce voisin imposant, et pourtant c’est bien la seule à pouvoir l’accueillir dans sa psyché, même si elle n’est pas très heureuse qu’il y soit entré…
Après quelques aventures surréalistes, il ne restera plus alors à Lazhar qu’à se laisser aller et lâcher prise, au risque de ne jamais se réveiller d’entre les morts…
Les cent quatre-vingt-dix pages de cette bande dessinée sont encadrées par trois + trois pages de dessins d’amanite tue-mouche, ce fameux champignon hallucinogène rouge à pois blancs, bien connu d’Alice au pays des merveilles, comme pour nous rappeler que le trip hallucinogène ultime est peut-être tout simplement de passer une bonne fois pour toutes de l’autre côté du miroir, où la réalité intime du consommateur ou de la consommatrice se révélera dans son entièreté…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr