Dépression et addiction : les liaisons dangereuses

Alcool

L’association entre conduites addictives et symptômes dépressifs est fréquente. Le rôle de chacune de ces dimensions dans l’interaction qui en résulte est toutefois peu connu, en particulier en ce qui concerne l’ordre d’apparition des symptômes. La fameuse question de la poule et de l’œuf… Cette association altère pourtant le pronostic de ces patients et pose la question d’une prise en charge spécifique.

Les effets de chaque substance sont spécifiques sur le plan neurobiologique et peuvent donc influencer différemment l’apparition ou le maintien de symptômes dépressifs au moment de la prise en charge (sevrage ou réduction). On retrouve par exemple plus de symptômes dépressifs chez les usagers de cocaïne que chez ceux de cannabis ou d’opiacés.

Les auteurs ont voulu évaluer ce phénomène. Ils ont étudié de manière longitudinale le lien entre le niveau de consommation de drogues, la symptomatologie dépressive, et l’interaction des deux, à partir du moment où le patient rentrait dans les soins et sur une durée d’un an. Ils ont recueilli les données auprès 263 patients : score à l’échelle de dépression de Beck, critères DSM-IV pour la dépendance et nombre de jour de consommation.

Leurs résultats suggèrent que la consommation de substance en prétraitement prédisait l’apparition de symptômes dépressifs hormis pour le cannabis. Ils retrouvent également un lien entre la symptomatologie dépressive et la re-consommation de substance, en particulier pour les opiacés.

Cette étude est une des premières à étudier de façon longitudinale les fluctuations thymiques et les consommations de substances psychoactives lors de la prise en charge addictologique. Le type de substance utilisée semble bien influencer ce phénomène. Il parait intéressant de mieux comprendre les mécanismes impliqués pour prévoir au mieux le risque de rechute dépressive ou addictive et adapter la prise en charge de ces patients.

Par Julien Cabé

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