La consommation de certaines substances est en pleine « explosion ». L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié lundi 8 décembre une étude sur la « taille des marchés des drogues illicites en France » entre 2010 et 2023. Le rapport propose une estimation des volumes de drogue vendus dans l’Hexagone (hors outre-mer) et les montants brassés par ce secteur.

Valeur qui monte en flèche, substances qui dominent le marché, psychostimulants qui décollent… On vous résume les principaux chiffres de cette étude.

Le chiffre d’affaires a presque triplé entre 2010 et 2023

Le chiffre d’affaires du marché de la drogue en France a augmenté de 189% entre 2010 et 2023, selon les estimations de l’étude, réalisée en partenariat avec la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). « En 2023, le marché français des drogues illicites (hors outre-mer) est évalué à 6,8 milliards d’euros en moyenne », un montant qui se situe au milieu d’une « fourchette comprise entre 3,8 et 9,7 milliards d’euros », précisent les auteurs.

Une hausse plus rapide que celle des volumes de drogue consommés en France, qui n’ont augmenté « que » de 87,5% entre 2010 et 2023, toujours selon les estimations de l’OFDT. Ce total exclut la consommation d’ecstasy (ou MDMA), dont le volume est estimé en millions de comprimés.

Source : Observatoire français des drogues et des tendances addictives

Le cannabis reste la substance la plus consommée

Pour estimer ces montants totaux, l’OFDT a dû calculer pour chaque drogue les volumes vendus en France et les sommes échangées dans ce but. L’organisme a ainsi estimé qu’« en 2023, cannabis et cocaïne génèrent à eux seuls près de 90% du chiffre d’affaires total ».

Le cannabis reste la substance illicite la plus consommée en France en volume, avec une estimation centrale à 397,4 tonnes en 2023. Le marché « se stabilise (+2,3% depuis 2017), à l’image des tendances de consommation », mais connaît une « nette hausse en valeur du fait d’une augmentation des prix », analyse l’OFDT. « On connaît avec précision et désormais avec un recul important le nombre d’usagers de cannabis, qu’ils consomment quotidiennement, de façon régulière ou plus occasionnellement », notent les auteurs.

En revanche, l’intensité de la consommation est plus difficile à estimer. L’OFDT reprend des données de 2005 sur le nombre de joints fumés par « épisode de consommation » et la quantité de cannabis mise dans un seul joint peut faire varier la consommation du simple au triple selon qu’elle soit estimée à 0,1 ou 0,3 gramme. Le prix d’un gramme de résine est estimé à 8 euros en moyenne en 2023 et celui d’un gramme d’herbe à 10 euros.

La cocaïne est devenue la drogue qui génère le plus d’argent

Même si elle se vend moins que le cannabis, la cocaïne l’a dépassé pour devenir la drogue illicite qui génère le plus gros chiffre d’affaires en France en 2023. Les quantités de cocaïne vendues sont passées de 15 tonnes en 2010 à 47 tonnes en 2023 (+214%), selon l’estimation centrale de l’OFDT, mais les revenus issus de ces ventes ont grimpé de 902 millions d’euros à 3,1 milliards sur la même période.

En ce qui concerne le marché de la cocaïne en poudre, l’OFDT distingue les consommateurs de cocaïne « insérés » et à l’usage moins intensif, de ceux plus « en difficultés avec leur consommation » et qui ont pu fréquenter « les services sanitaires ou médico-sociaux dédiés ». Les premiers représentent entre 88 et 93% des consommateurs, estime l’OFDT à partir d’études française et internationales, et consomment entre 12,5 et 44,5 grammes de cocaïne par an, tandis que les seconds consommeraient entre 127 et 228 grammes de cocaïne par an. « Le prix moyen au gramme relevé par les forces de police [s’établissait] autour de 60 euros à la vente de détail en 2023″, note le rapport.

A cela, il faut ajouter la consommation de crack, fabriqué à partir de cocaïne en poudre que « les usagers ‘basent’ généralement » eux-mêmes, « excepté à Paris », selon l’OFDT. Les données sont encore plus rares : à partir d’études passées, l’OFDT estime que le nombre de consommateurs de crack en France est compris entre 36 000 et 49 000. Son prix ne diffère pas vraiment de la cocaïne en poudre et il n’existe presque aucune étude sur l’intensité de la consommation. Les volumes et valeurs de crack vendus en France ne sont estimés qu’à partir de 2017.

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