Le binge-drinking (BD) est caractérisé par la consommation massive d’alcool dans un temps limité (environ deux heures) suivie d’une période d’abstinence, avec une répétition de l’alternance intoxication/sevrage particulièrement délétère pour le cerveau.
Ce type de consommation, fréquent chez les adolescents, a été associé à une altération des capacités d’apprentissage et de mémorisation. De plus, des données suggèrent que les filles adolescentes seraient plus vulnérables aux effets neurotoxiques de l’alcool sur la cognition.
Les auteurs ont étudié la relation entre des antécédents de BD et les effets d’une exposition aiguë à l’alcool sur les performances d’apprentissage et de mémorisation chez des adolescents garçons et filles. Ils ont fait l’hypothèse que les sujets avec une histoire de BD auraient de meilleures performances cognitives après alcoolisation que les sujets sans antécédent de BD du fait d’un phénomène de tolérance, mais qu’ils auraient une moins bonne performance que les sujets contrôles lors de l’administration de la boisson sans alcool, leur mémoire étant altérée. Ils ont également supposé qu’il y aurait un différentiel fille/garçon.
Une dose importante d’alcool (38,4 grammes sous la forme de vodka orange) ou de cocktail sans alcool aromatisé à l’orange ont été administrés à 172 adolescents qui devaient consommer la boisson en 20 minutes. Après avoir bu, les sujets devaient rincer leur bouche avec de l’eau et attendre 20 minutes. La mémoire visuelle immédiate et la mémoire de travail étaient ensuite mesurées selon la Wechsler Memory Scale.
La mémoire visuelle immédiate était réduite chez les filles et les garçons. Une tolérance à l’alcool était constatée chez les filles BD mais pas chez les garçons. En effet, les filles avec des antécédents de BD avaient de meilleures performances que les filles sans antécédents de BD lors de la prise de la boisson alcoolisée. De même, la mémoire visuelle immédiate de ces « binge-drinkeuses » n’était pas significativement différente lors de la consommation d’alcool ou du cocktail sans alcool.
La mémoire de travail n’était pas affectée par l’alcool mais une différence de genre était mise en évidence, avec des performances supérieures chez les garçons par rapport aux filles.
Chez les adolescents, la mémoire visuelle immédiate semble donc plus sensible que la mémoire de travail à l’alcool et les filles sont plus vulnérables aux effets neurotoxiques de l’éthanol. Ces résultats renforcent le besoin d’investiguer les effets neurotoxiques de l’alcool ainsi que de renforcer la prévention chez les filles adolescentes.