En Addicto, le choix des mots est important !

C’est un sujet qui fascine autant qu’il rebute parfois, et qu’il s’agisse du grand publique, ou de professionnels de santé, on retrouve fréquemment des préjugés négatifs envers les consommateurs de substances.  Des termes comme « toxicomane » ou « dépendant aux opiacés » ont par exemple montré qu’ils suscitaient des préjugés explicites négatifs plus importants que pour d’autres pathologies.

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La thématique des conduites addictives est très souvent retrouvée dans les médias. C’est un sujet qui fascine autant qu’il rebute parfois, et qu’il s’agisse du grand public, ou de professionnels de santé, on retrouve fréquemment des préjugés négatifs envers les consommateurs de substances.  Des termes comme « toxicomane » ou « dépendant aux opiacés » ont par exemple montré qu’ils suscitaient des préjugés explicites négatifs plus importants que pour d’autres pathologies. Certains termes en revanche n’ont pas été étudiés empiriquement, et c’est ce que se propose de faire cette étude.

 

Pour cela, 1288 participants ont été recrutés et répartis en 7 groupes où leur était proposés des termes en lien avec les addictions, utilisés dans des vignettes cliniques plus ou moins stigmatisantes. Les termes « toxicomane », « Addict » « alcoolique » et « opiomane » (“substance abuser”, “addict”, “alcoholic”, and “opioid addict”) étaient fortement associés à des représentations négatives. Les termes « rechute » et « récurrence de l’usage » étaient eux aussi associés à des préjugés négatifs. Les termes « pharmacothérapie », « rétablissement à long termes » et « rétablissement assisté par un médicament » avaient eux des connotations plus positives.

 

Les auteurs confirment donc ainsi l’importance des termes utilisés pour parler des conduites addictives, car ils influent directement sur les préjugés implicites et explicites de la population envers ces comportements. Les termes tels que “toxicomane”, “addict”, “toxicomane”, “opiomane”, “alcoolique” et “rechute” devraient pour eux n’être utilisés qu’avec parcimonie voir plus du tout. Des termes plus positifs pourraient les remplacer en générant moins de stigmatisation : « personne ayant un trouble lié à l’usage de substance », « personne ayant un trouble lié à l’usage d’alcool », ou « récurrence des consommations » par exemple. Les termes « pharmacothérapie », « rétablissement à long terme » et « rétablissement assisté par un médicament » qui ne semblent pas générer de biais négatifs pourraient être d’après eux utilisés sans limitation.

 

Comme pour les pathologies psychiatriques, la lutte contre la stigmatisation des patients en addictologie passe par de gros efforts de pédagogie et de sensibilisation auprès du grand public et des médias. Cette étude montre que le choix des mots utilisés sera primordial pour faire passer au mieux ce message et sortir des représentations négatives et stigmatisantes encore associées aujourd’hui aux conduites addictives.

 

Par Julien Cabé