
« J’étais l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand alcoolique de la région. » Si Ludovic Mercier assume aujourd’hui des mots aussi forts, c’est parce qu’après « 27 années de calvaire », il est parvenu à atteindre le stade de rémission.
Pour marquer sa décennie d’abstinence, l’homme de 53 ans résidant à Tinchebray-Bocage (Orne) raconte cette période de sa vie qui l’a conduit à de multiples séjours à l’hôpital, prises en charge psychiatriques et surveillances judiciaires.
Au lycée à Flers, lorsqu’il a 16 ans. C’est à ce moment que l’alcool se fait une place dans la vie de Ludovic, un élève « faible psychologiquement ». « J’étais victime de harcèlement moral, les autres se moquaient de ma petite taille. » Ruminant l’impression d’être « un incapable », le lycéen tombe rapidement dans la déprime.
À l’âge des premières soirées et des amours de jeunesse, c’est dans l’alcool que l’adolescent se réfugie. « Je mélangeais toutes les bouteilles du bar de mes parents, souvent le mercredi après-midi. »
Traînant son mal-être comme un poids impossible à soulever seul, Ludovic décide de quitter l’établissement scolaire, après avoir échangé avec l’une de ses professeures.
2001 marque le début de la vie professionnelle. Ludovic, « le phénomène de Tinchebray qui faisait toutes les soirées », travaille à la chocolaterie Cémoi comme intérimaire. « Je commençais à 5 h 30 et finissais à 13 h 30. À 13 h 45 et jusqu’à minuit, j’étais au bar. »
Une période de fête abusive durant laquelle Ludovic se souvient avoir dépensé « plus de 1 000 euros par mois dans l’alcool ».
Cela fait 10 ans que Ludovic Mercier n’a pas bu une goutte d’alcool. « Pourtant, il y a des bouteilles à la maison », sourit Roselyne, qui partage sa vie depuis trois mois.
S’il doit toujours rendre visite à son médecin une fois par mois, c’est en effet une tout autre vie que l’enfant du pays a entamé.