Entre Santé Publique et industriels de l'alcool : des liaisons dangereuses ?

Même s’il n’existe pas comme pour le tabac une domination majeure de quatre ou cinq industriels, nombre de fabricants d’alcool ont connu un développement suffisant pour être appelés des “Majors”, et pour engager des budgets conséquents dans le marketing, et dans des organisations caritatives.

Alcool

Même s’il n’existe pas comme pour le tabac une domination majeure de quatre ou cinq industriels, nombre de fabricants d’alcool ont connu un développement suffisant pour être appelés des “Majors”, et pour engager des budgets conséquents dans le marketing, et dans des organisations caritatives.

 

C’est ainsi que semble être né « Drinkaware », une organisation caritative britannique financée à 96% par des donations (industriels alcooliers, revendeurs) et à l’origine de programmes comme les « jours sans alcool », ou bien encore de supports (notamment pour évaluer sa consommation, ou diffuser des messages concernant l’alcool auprès des écoliers de 9 à 14 ans).

 

C’est au sujet de cette organisation, et plus précisément des liens entre elle et l’Organisation Gouvernementale Britannique de Santé Publique (le « PHE » pour Public Health England) que deux articles du Lancet parus en septembre se répondent et s’opposent.

 

Deux directeurs du PHE (John N. Newton et Paul Cosford) soutiennent leur volonté d’une collaboration vigilante (« à risque mesuré ») et évaluée entre Santé Publique et industriels tandis que Petticrew et al. rappellent la mobilisation récente de 46 acteurs de la Santé Publique Anglaise contre la campagne « jours sans alcool » et la démission du PHE de Sir Ian Gilmore avec ces mots « (…) Cette campagne était plus susceptible d’améliorer la réputation des alcooliers que la santé. ».

 

Au delà des positionnements individuels, ces communications dans le Lancet posent une question fondamentale : Est-il possible, dans une optique d’amélioration de la Santé, de travailler avec les industriels de l’alcool

 

  • quand deux tiers des ventes en Grande-Bretagne se font à destination des usagers problématiques d’alcool,

 

  • quand l’expérience passée avec l’industrie du tabac a été désastreuse,

 

  • et quand le discours développé auprès des usagers (par « Drinkaware ») se focalise sur les notions de choix et de contrôle, qui par définition échappent aux personnes en situation d’addiction ?

Image extraite du support de formation pour écoliers de Drinkaware, et ambiguïté du message :

Dr Michaël BISCH, psychiatre addictologue, Praticien Hospitalier, Médecin Coordonateur de la Maison des Addictions (CSAPA CHRU de Nancy)

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