Épidémiologie spatiale des problèmes de santé liés à la consommation d’alcool et de drogue

Considéré comme un groupe, les indiens d’Amérique présentent un taux d’abstinence d’alcool élevé. Mais ceux qui consomment de l’alcool sont à plus haut risque de trouble de l’usage d’alcool (TUAL) que la population générale, tout comme pour les autres troubles de l’usage de substance (TUS).

Alcool

Considéré comme un groupe, les indiens d’Amérique présentent un taux d’abstinence d’alcool élevé. Mais ceux qui consomment de l’alcool sont à plus haut risque de trouble de l’usage d’alcool (TUAL) que la population générale, tout comme pour les autres troubles de l’usage de substance (TUS). Toutefois cette particularité qui est attribuée à l’éthnicité et à des aspects culturels pourraient aussi trouver une explication dans la répartition socio-démographique et géographique de ce groupe de population aux États-Unis. Ainsi, les indiens d’amérique vivent principalement dans des régions pauvres et rurales, certains dans des réserves, d’autres non. L’objet de cette étude s’il existait une plus grande incidence d’hospitalisations liées à l’alcool ou aux drogues dans des zones géographiques fortement peuplées par des populations indiennes américaines (réserve ou non), et s’il existait des liens entre cette incidence et les caractéristiques sociodémographiques des régions de domiciliation.

Les dossiers d’hospitalisation des patients hospitalisés pour deux États (Nebraska et Dakota du Sud) pour les années 2007 à 2012 ont été obtenus. Le ZIP code (équivalent américain du code postal) de chaque séjour hospitalier lié à l’alcool ou à la drogue a été récupéré. Les motifs d’hospitalisation retenus (tous en lien avec un TUAL ou un TUS) étaient : TUAL, TUS, cirrhose liée à l’alcool, overdose d’opiacées sur prescription médicale, trouble mental, violence, suicide et auto-mutilations, accident de la voie publique, accident.

un lien a ensuite été établi entre les caractéristiques de ces hospitalisations et les caractéristiques sociodémographiques des lieux de vie des patients, à l’aide de modèles bayésiens de régression spatio-temporelle (modèle de Poisson) [Bayesian Poisson space-time regression models]. En parallèle, le fait que le zip code étudié soit dans une réserve amérindienne ou pas était contrôlé.

En contrôlant les autres caractéristiques démographiques et économiques, les zip codes avec un pourcentage plus élevé d’Amérindiens affichaient une incidence plus élevée pour les différents motifs d’hospitalisation explorés. Les patients issus des zones correspondant aux zip codes situés dans les réserves amérindiennes présentaient une plus grande probabilité de blessures auto-infligées, de toxicomanie et d’abus de drogues, et une incidence réduite de cirrhoses liées à l’alcool et d’overdose aux opiacés sur prescription. Toutefois, les analyses ne montraient aucune différence significative dans l’incidence associée aux pourcentages d’indiens américains domiciliés dans une région donnée, par rapport aux afro-américains.

En conclusion, l’origine ethnique ou l’hérédité à elles seules ne peuvent expliquer les particularités observées dans un population autochtone comme les indiens d’Amérique. Les dimensions socio-économiques et politiques des minorités étudiées doivent être prises en compte dans la compréhension des mécanismes étiologiques des TUAL et TUS, en particulier en milieu rural ou dans les populations à faible niveau de revenus. La géographie constitue donc un allié dans la recherche en Addictologie, même sur le territoire français.

 

Par Nicolas Cabé 

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