Estimations de la prévalence du TDAH dans un échantillon de patients dépendants à l'alcool.

Beaucoup de patients avec alcoolodépendance présentent un profil clinique évocateur d’un trouble de l’attention / hyperactivité (TDAH) de l’adulte. Les études retrouvent une prévalence élevée, avec des résultats hétérogènes allant de 6,6 à 21,3%.

Alcool

Beaucoup de patients avec alcoolodépendance présentent un profil clinique évocateur d’un trouble de l’attention / hyperactivité (TDAH) de l’adulte. Les études retrouvent une prévalence élevée, avec des résultats hétérogènes allant de 6,6 à 21,3%. Le diagnostic de TDAH fait toutefois dans cette population, du fait des diagnostics différentiels, des atteintes cognitives pouvant résulter des effets de l’alcool, et/ou d’un profil impulsif fréquent chez les sujets avec alcoolodépendance

 

Le diagnostic de TDAH de l’adulte peut être réalisé à l’aide d’évaluations structurées, mais celles-ci ne sont pas validées chez les patients alcoolodépendants, chez qui les symptômes de sevrage, d’intoxication, de consommation chronique, et les troubles psychiatriques comorbides, sont autant de source d’interférence potentielles. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer la prévalence du TDAH chez les patients avec alcoolodépendance, en prenant en compte les risques de sur- et sous-diagnostic, c.à.d. en établissant le diagnostic de TDAH à l’aide d’une évaluation structurée (DIVA), confirmé cliniquement par 2 consultations d’experts, et ce après plusieurs semaines d’hospitalisations, pour exclure au maximum une interférence de l’alcool, et assurer la stabilisation.

 

Les patients admis dans l’étude avaient été pris en charge au centre de traitement des addictions MEDIAN Klinik Wilhelmsheim, en Allemagne, de Janvier à Octobre 2016. Après 4-5 semaines de traitement en hospitalisation, une évaluation structurée sur le TDAH (DIVA-2.0) a été mené par deux médecins. Pour éviter le risque de sur-diagnostic, deux experts devaient confirmer cliniquement chaque diagnostic de TDAH soupçonné par DIVA, lors d’entrevues cliniques non structurées successives. Le risque de sous-diagnostic était pris en compte en abaissant le seuil diagnostic de DIVA en dessous des critères DSM-IV et DSM-5 (quatre symptômes de TDAH à l’âge adulte et cinq symptômes ou plus pendant l’enfance).

 

Au final, 415 des 488 patients admis (85%) ont complété l’ensemble de l’étude selon le protocole. 85 patients (20,5%) ont reçu un diagnostic final de TDAH. Les patients atteints de TDAH récidivaient deux fois plus souvent, présentaient une dépendance alcoolique plus sévère, étaient significativement plus jeunes à l’admission et présentaient un taux plus élevé de troubles concomitants.

 

L’étude montre ainsi un taux de prévalence parmi les plus élevés de la littérature (20,5%), sur un échantillon de patients important et malgré l’élimination de nombreux risques pouvant conduire à un diagnostic excessif. Par ailleurs, les résultats de DIVA ont montré un accord modéré avec les diagnostics cliniques de TDAH. Les patients ont tendance à sous-déclarer leurs symptômes et les entretiens successifs sur plusieurs semaines ont pu améliorer l’introspection, ce qui pourrait expliquer en partie ces différences. DIVA pourrait être utilisé chez les patients AD pour évaluer la symptomatologie du TDAH, en gardant une interprétation prudente des résultats, au vu des faux positifs et négatifs. Ces procédures de diagnostic devraient être encouragées, car il existe une prise en charge spécifique qui peut améliorer le fonctionnement global des patients, et parfois leur alcoolodépendance associée.

Par Benjamin Rolland

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