Et si le sommeil des enfants trinquait quand leurs parents consomme de l’alcool ?

Les troubles du comportement dans l’enfance sont considérés comme prédictifs du développement à l’âge adulte d’un trouble psychopathologique, dont le trouble de l’usage d’alcool (TUAL). Les troubles du sommeil et la présence d’une consommation parentale d’alcool sont connus pour être associés à la présence de troubles du comportement chez l’enfant.

Alcool

Les troubles du comportement dans l’enfance sont considérés comme prédictifs du développement à l’âge adulte d’un trouble psychopathologique, dont le trouble de l’usage d’alcool (TUAL). Les troubles du sommeil et la présence d’une consommation parentale d’alcool sont connus pour être associés à la présence de troubles du comportement chez l’enfant. Mais peu de données existent pour savoir si les troubles du sommeil aggravent de manière différente le risque de trouble du comportement chez les enfants de parents consommateurs d’alcool (COA, « children of alcoholics », diagnostic de TUAL dans les 12 derniers mois chez un des parents au moins, résolutif ou non) et chez des enfants issus de famille « contrôle ». Plusieurs mesures du sommeil ont été réalisées dans deux groupes d’enfants, et les relations entre le sommeil et les troubles du comportement ont été analysées.

Cent quinze enfants âgés de 8 à 12 ans (67 % de COA; 56 % de filles; âge moyen = 10,85; écart-type = 1,51) ont participé à cette étude. Tous les participants étaient naïfs de toute consommation d’alcool ou de toute autre consommation de substance illicite. Les enfants étaient équipé d’une montre-actimètre pendant une semaine afin de mesurer leur niveau d’activité, d’exposition à la lumière, et d’identifier approximativement les temps de repos et de sommeil dans la journée. Les parents ont complété le Questionnaire Pédiatrique de sommeil (PSQ) et la Checklist Comportementale de l’Enfant d’Achenbach (CBCL).

Les parents des COA avaient plus fréquemment tendance à décrire leurs enfants comme excessivement fatigués par rapport aux autres parents. Les analyses de modélisation d’équations structurelles axées sur les problèmes globaux d’internalisation et d’externalisation n’ont révélé aucune différence de groupe sur les relations entre les mesures du sommeil et les problèmes comportementaux.

Au total, les COA ne présentaient pas plus de troubles du comportement que les autres enfants. Les différences de qualité de sommeil entre COA et non COA étaient limitées à des différences dans l’évaluation parentale du sommeil de l’enfant. En particulier concernant la « fatigue excessive sans raison évident » qui représentent un facteur de risque connu de développement de TUAL à l’âge adulte et de précocité des premières consommations. Les liens entre troubles du comportement et du sommeil n’étaient pas significativement plus forts chez les COA. Cette absence de différence pourrait être liée à l’âge relativement jeune de l’échantillon et à l’absence de précision sur les modalités de consommation d’alcool des parents.

En conclusion, les troubles du sommeil et la durée du sommeil semblent être un facteur de risque général pour les troubles comportementaux, tant pour les enfants de parents consommateurs excessifs d’alcool que pour les autres. Mais les relations entre les paramètres spécifiques du sommeil et les troubles comportementaux semblent être différentes entre les deux groupes. Les auteurs suggèrent d’explorer la micro-architecture du sommeil afin de préciser les mécanismes qui lient le sommeil aux troubles du comportement de l’enfant et les différences entre COA et non COA.

 

Par Nicolas Cabé 

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