(Via ApmNews)
A l’occasion de son congrès qui s’est tenu les 24 et 25 mars 2022 à Lyon, la Société française d’alcoologie (SFA) a rendu publique les résultats d’une enquête qui montre que les médecins hospitaliers méconnaissent l’offre de soin en matière d’alcool et n’abordent pas suffisamment le sujet de l’usage d’alcool avec leurs patients.
Cette enquête a été conduite auprès d’un groupe de médecins du centre hospitalier de Creil dans l’Oise. Un questionnaire en ligne a été adressé aux médecins cliniciens exerçant en médecine et chirurgie obstétrique : 77 médecins sur 238 ont répondu.
42,1% d’entre eux n’interrogent pas systématiquement leurs patients sur leur consommation d’alcool et 5,5% n’abordent jamais la question. Plus préoccupant, sur une note de 1 à 10 les médecins interrogés se donnent en moyenne 4,5 sur leur capacité à repérer les troubles d’usage d’alcool. 86,9% n’ont jamais recours aux tests de repérage.
Quasi les ¾ des médecins (72,8%) ne savent pas quoi proposer face à un trouble de l’usage d’alcool. Près de la moitié (49,4%) n’ont jamais adressé un patient à un professionnel en alcoologie même s’il en existe au sein du groupe hospitalier. 72% ne connaissent pas l’existence d’un CSAPA dans la ville de Creil.
Parmi les motifs qui pourraient expliquer ces chiffres préoccupants, les médecins évoquent un manque de temps, un faible taux de réussite des traitements et une gêne à parler d’alcool avec leurs patients. 80% d’entre eux n’ont pas suivi de formation en alcoologie.
Cette enquête montre qu’il faut d’avantage sensibiliser les médecins hospitaliers et pas seulement les médecins généralistes même s’ils sont souvent la porte d’entrée vers une démarche de soins.
Les conclusions de cette enquête sont toutefois à nuancer et devraient être complétés par des résultats issus d’autres centres hospitaliers afin de dégager une tendance globale.
Les formations au RPIB (repérage précoce intervention brève) sont indispensables pour outiller les professionnels de santé et les aider à mieux repérer les troubles d’usages d’alcool et orienter les patients vers le bon professionnel. Il faudrait aussi nommer un référent alcool dans chaque unité.
Le Pr Georges Brousse du CHU de Clermont-Ferrand a suggéré de s’appuyer sur les équipes de liaison et de soins en addictologie (Elsa), et sur les campagnes nationales, notamment le Défi De Janvier.
Pour aller plus loin, voir notre fiche pour dépister les troubles cognitifs liés à l’alcool