Implication complexe du système de récompense dans les addictions : une méta-analyse d’études d’IRM fonctionnelle dans JAMA Psychiatry, expliquée par son auteur.

Ces vingt dernières années, l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis des progrès considérables dans notre compréhension des mécanismes cérébraux qui sous-tendent les maladies psychiatriques. Par exemple, de nombreuses études ont montré un dysfonctionnement du « système de récompense » chez les individus atteints d’addiction.

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Ces vingt dernières années, l’Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis des progrès considérables dans notre compréhension des mécanismes cérébraux qui sous-tendent les maladies psychiatriques. Par exemple, de nombreuses études ont montré un dysfonctionnement du « système de récompense » chez les individus atteints d’addiction. Le système de récompense est un ensemble de régions cérébrales impliquées dans diverses fonctions cognitives telles que la motivation et l’apprentissage. Ces régions, parmi lesquelles le striatum joue un rôle central, sont typiquement activées lorsque nous anticipons ou nous recevons des récompenses, c’est-à-dire des stimuli qui nous procurent du plaisir, comme l’argent, la nourriture ou les drogues.

Dans l’addiction, deux grandes théories s’opposent. La première postule que l’addiction est caractérisée par un système de récompense hypo-actif, qui pousserait les patients à rechercher des récompenses aux effets particulièrement intenses, telles que les drogues, afin de compenser ce déficit chronique. La deuxième théorie postule au contraire que l’addiction est caractérisée par un système de récompense hyper-actif, qui serait associé à des comportements impulsifs et une motivation exacerbée pour les drogues. La littérature scientifique a produit des résultats contradictoires, soutenant tour à tour chacune de ces théories.

Afin de voir si une grande tendance se dégage néanmoins, les auteurs d’une récente méta-analyse ont compilé les résultats de 25 études d’IRMf rassemblant au total 643 individus atteints de diverses addictions (alcool, cannabis, cocaïne, nicotine, jeux d’argent) et 609 individus sains. L’originalité de cette méta-analyse est d’avoir travaillé à partir des données originales issues de chacune de ces études, plutôt qu’à partir de tables de résumés des résultats (ce qui est le plus commun). Leurs auteurs ont pour cela utilisé de nouvelles techniques d’analyse, qui leur ont permis d’obtenir des résultats plus objectifs et théoriquement plus fiables que les précédentes méta-analyses.

Les analyses ont mis en évidence deux résultats principaux. Tout d’abord, lorsqu’ils anticipent des récompenses monétaires, les individus atteints d’addiction (aux substances ou aux jeux d’argent) montrent une activité diminuée dans le striatum, comparée aux individus sains. A l’inverse, cette activité est augmentée lorsqu’ils reçoivent des récompenses monétaires. A noter que cette dernière hyper-activation n’a été observée que chez les individus atteints d’addictions aux substances, ceux atteints d’addiction aux jeux d’argent ayant montré à nouveau une hypo-activation.

Ces résultats présentent une image plus complexe qu’une simple hypo- ou hyper-activité du système de récompense, et ne permettent pas en l’état de départager les théories sur l’addiction. En revanche, ces résultats vont dans le sens d’une troisième théorie qui propose que l’addiction soit liée à un problème d’apprentissage. En effet, l’hypo-activité du striatum en anticipation des récompenses pourrait être la marque d’un déficit de prédiction de ces récompenses, tandis que l’hyper-activité observée au moment de la réception des récompenses pourrait refléter l’effet de surprise d’autant plus grand qui s’en suit. Bien que cette hypothèse soit séduisante, les résultats issus de cette méta-analyse ne permettent pas de la valider directement. En effet, nous avons fait face à un problème classique des études de neuroimagerie, connu sous le nom d’inférence inverse : il est difficile d’inférer des processus cognitifs à partir de l’activité cérébrale, notamment car une même région (comme le striatum) est impliquée dans une myriade de processus cognitifs (et pas seulement l’apprentissage dans ce cas). Maintenant que cette hypothèse sur l’apprentissage a été remise sur le devant de la scène, il faudra d’autres études d’IRMf pour la tester de façon bien contrôlée.

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