« Santé mentale et addiction(s) : parce que la maladie, les patients nous proposent un tout, nous devons répondre ensemble dans un parcours de soins coordonnés ! »
Georges Brousse, professeur de psychiatrie et addictologie à l’université Clermont-Auvergne, chef du service addictologie et pathologies duelles au CHU de Clermont-Ferrand, appelle de ses vœux la création de centres experts en pathologie duelle.
C’est selon lui, la solution la plus efficiente pour organiser une prise en charge globale des patients qui souffrent de comorbidité, à la fois de trouble(s) psychiatrique(s) et d’addiction(s).
« Il n’y a pas de causalité prouvée entre santé mentale et addiction(s), mais une corrélation indiscutable, ne serait-ce que par la prévalence de pathologie(s) mentale(s) parmi les personnes qui souffrent d’addiction(s) », souligne Georges Brousse.
2 façons d’observer la pathologie duelle :
- Est-ce l’addiction qui est à l’origine de troubles de la santé mentale ?
Cette hypothèse, qui s’appuie sur une vision historique de la psychiatrie française, est aujourd’hui très controversée, car si des études pointent de fortes corrélations, une vision causale linéaire ne reflète pas la grande complexité du lien entre addiction(s) et trouble(s) psychiatrique(s).
- Est-ce la pathologie mentale qui conduit à l’addiction ?
Elle favorise la consommation de substances psychoactives et son installation progressive, concomitante, mais on ne peut pas affirmer que le fait d’avoir une pathologie mentale crée l’apparition de l’addiction.
On ne peut pas se contenter de la causalité dans la comorbidité, car on perdrait de vue l’association des pathologies dans leurs expressions et leurs liens. On passerait aussi à côté de la construction d’une réponse adaptée pour le patient dans un parcours de soins coordonnés. Les deux pathologies s’alimentent et doivent être traitées de concert. Il est donc indispensable que la prise en charge médicale soit organisée autour d’équipes pluridisciplinaires.
« Si chacun reste dans son coin pour accompagner le patient, sans maillage avec des collègues qui vont agir en psychiatrie quand on est addictologue et réciproquement, c’est une perte de chance pour le patient. L’accompagnement des patients qui souffrent de maladies duelles requiert une réelle coordination ! » conclut George Brousse.
Les approches les plus modernes de la pathologie duelle considèrent qu’il y a chez ces patients des facteurs de vulnérabilité aux deux troubles.
Muriel Gutierrez
Amande épicée