La guerre contre la drogue a déjà fait plus de 30000 mort au Philippines

[France Inter] La "Guerre à la Drogue" du président philippin Duterte se transforme en hécatombe. Un carnage qui avait été annoncé dès la campagne présidentielle, comme programme politique.

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« C’est un crime ! Un pur assassinat ! » s’écrit Aïseli en désignant le cercueil blanc où repose le corps de son cousin Rolando. Cette nuit, la famille et les proches de Rolando Mijeca se sont retrouvés dans le garage de la famille, transformé pour l’occasion en chambre mortuaire. Une ultime veillée funèbre pour Rolando Mijeca, l’une des dizaines de milliers de victimes de la « Guerre à la drogue »lancée par le président philippin Rodrigo Duterte depuis son accession à tête du pays au printemps 2016. Et le cas de Rolando Mijeca – sa mort – est à vrai dire typique de cette guerre à la drogue.

Le corps de Rolando a été retrouvé sur un trottoir de Manille, criblé de balles ; la police a expliqué que Rolando était un trafiquant notoire, qu’il avait sorti un pistolet au moment de son interpellation, qu’il avait fait feu sur les officiers venus l’interpeller… et qu’il a été tué dans la fusillade.

Accro au « shabu »

« Cette histoire, c’est n’importe quoi ! poursuit Aïseli : mon cousin il était accro au shabu », une métamphétamine qui fait des ravages en Asie du sud-est. « C’est vrai, mais ce n’était pas un trafiquant… et surtout il n’avait pas d’arme… Comment aurait-il pu se les payer ? Quand il avait 200-300 pesos*, il achetait une dose de shabu mais c’est tout ! »

Aïseli et Meïka, la mère de Rolando montrent l’unique pièce de 10m² au fond d’une venelle torve, où Rolando vivait, avec sa grand-mère : un vieux matelas, une icône de la vierge au mur de parpaing, quelques ustensiles de vaisselle, l’endroit pue la misère… Difficile d’y voir le QG d’un baron de la drogue. Quant aux échanges de tirs dont Rolando aurait été la victime, elle est, elle aussi, sujette à caution.

 

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