La naltrexone retard permet de réduire la consommation d’alcool, retrouve une méta-analyse publiée dans Addiction.

Alcool

La naltrexone est un antagoniste des récepteurs opioïdes µ, utilisé dans le trouble d’usage d’alcool pour aide au maintien de l’abstinence et commercialisé en France sous le nom de Révia®, même si rapidement, on s’est aperçu que les antagonistes µ étaient davantage efficaces sur la réduction de consommation d’alcool, plutôt que sur les taux de maintien d’abstinence, comme par exemple dans cette méta-analyse de 2013 parue dans Addiction. C’est d’ailleurs ainsi que le nalméfène (Sélincro®) est arrivé sur le marché dans les années 2012-2013, avec une indication officielle de réduction de consommation que la naltrexone n’avait pas.

Mais historiquement, la naltrexone a aussi été utilisée dans le trouble d’usage d’opioïde. Pas en France, mais dans de nombreux autres pays, les implants de naltrexone retard, le Vivitrol®, peuvent être utilisés à distance des traitements de substitution, méthadone ou buprénorphine, avec le rationnel de désensibiliser les récepteurs opioïdes et ainsi, au moins sur le plan théorique, de réduire le craving et l’appétence pour les agonistes opioïdes. Les implants peuvent séduire certains patients, car ils sont pratiques et évitent les prises quotidiennes orales ou sublinguales des galéniques classiques. La question se pose donc logiquement : que donnent les implants de naltrexone sur la consommation d’alcool chez les patients avec trouble d’usage d’alcool ?

C’est la question à laquelle ont voulu répondre les auteurs californiens de cette méta-analyse publiée dans Addiction, la plus prestigieuse revue internationale d’addictologie. Ils ont ainsi identifié et synthétisé les données de 7 essais cliniques, regroupant 1500 adultes avec trouble d’usage d’alcool qui recevaient soit des injections mensuelles de naltrexone, soit des injections de placebo. Les doses de naltrexone utilisées étaient de 150 à 400 mg par mois, pendant 2 à 6 mois de traitement. Des thérapies non-pharmacologiques complémentaires (TCC notamment), pouvaient être proposées. La méta-analyse comparait la différence moyenne poolée en nombre de jours de consommation par mois et nombre de jours de forte consommation (≥ 6 verres-standard) par mois.  

Les résultats montrent que les patients sous naltrexone avaient environ 2 jours (IC95%= -3,4 ; -0,6) de consommation d’alcool en moins chaque mois, comparé à ceux qui avaient des injections de placebo, et 1,2 jours de forte consommation en moins (IC95%= -2,1 ; -0,2). Les études qui n’exigeaient pas une abstinence initiale, et ceux durant plus de 3 mois, retrouvaient des résultats encore supérieurs. L’hétérogénéité des données était raisonnable, ce qui est un gage de fiabilité de l’interprétation des résultats.

En conclusion, la naltrexone retard pourrait être une option thérapeutique complémentaire pour les patients souhaitant réduire leur consommation d’alcool. Les résultats de cette méta-analyse sont significatifs, bien que relativement modestes en termes de taille d’effet, même si les niveaux d’efficacité semblent plus élevés lorsque le traitement est laissé au long cours. Reste à voir si les patients avec trouble d’usage d’alcool sont intéressés par ce type d’option thérapeutique. Pour rappel, environ 50 % des patients avec trouble d’usage d’opioïdes sont intéressés par les implants ou formes dépôts de traitement (agonistes et un peu moins pour les antagonistes), mais il y a aussi des oppositions fortes et des craintes en raison de formes galéniques pouvant être vécues comme coercitives par certains.  

Par Benjamin Rolland

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