
Ce n’est pas une lubie prohibitionniste qui traversa les Etats-Unis pendant plus de treize ans, nous raconte Annick Foucrier dans son essai.
Si des groupes de pression se sont ligués pour en venir à une interdiction fédérale totale de la vente d’alcool dans le pays, c’est que des forces s’étaient déjà manifestées avec succès dans de nombreux Etats, devenus “dry“, (sec, sans alcool) dès le XIXème siècle. Il s’agissait avant tout de venir à bout des dégâts causés par les violences engendrées par les excès d’alcool dans les saloons et ramenées jusque dans les foyers américains.
Mais mettre en place une interdiction d’une telle ampleur au niveau fédéral ne fut pas une mince affaire. Il faudra attendre le 16 janvier 1920 pour que la Prohibtion soit effective. La Constitution américaine se dote alors d’un 18ème amendement qui semble indéboulonnable…
Il est donc désormais interdit sur tout le territoire des Etats-Unis de vendre, de transporter et de fabriquer, sauf à usage personnel, des boissons alcooliques. Mais il n’est pas interdit d’en consommer. Autre exception : on peut s’en faire prescrire pour usage médical. Les exceptions confirmant les règles établies, on a vite fait d’en profiter pour continuer à boire sans se mettre hors la loi.
Passé le choc de cette nouvelle Prohibition, les marchands et buveurs d’alcool sauront très vite trouver la parade. La contrebande s’organise, et de nouveaux bandits du Far West font leur apparition et s’engraissent sur le dos d’une interdiction qui, bien entendu, n’empêche en rien la demande d’être satisfaite. Le crime organisé surfe sur cette vague, et Al Capone sait faire parler de lui avant d’être condamné, non pas pour trafic d’alcool, mais pour non-paiement de ses impôts…
Il faudra attendre décembre 1933 pour qu’un nouvel amendement voie le jour, le 21ème, ratifié par au moins 36 états, ce qui est la condition préalable à sa finalisation. Cet amendement abroge le 18ème. Comme pour son instauration, qui ne fut pas une mince affaire, il faudra à la prohibition de nombreuses tractations et rapports de force pour prendre fin. Même si le 21ème amendement y met un terme, il faudra attendre réellement 1966 pour que le dernier Etat, le Mississipi, ratifie cet amendement…
Bien entendu, même si la prohibition de l’alcool ne fait plus que de rares adeptes, celles des autres substances psychoactives a encore largement le vent en poupe, même si ces méfaits s’apparentent de près ou de loin à ceux d’une prohibition alcoolique américaine qui est loin d’avoir fait ses preuves…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr