L’ombre du protoxyde d’azote au volant plane sur plusieurs accidents meurtriers. Le mercredi 3 décembre, à Alès (Gard), trois adolescents sont morts noyés après la chute de leur voiture dans une piscine. Quatre bouteilles de gaz hilarant ont été retrouvées dans le véhicule. Une pratique banalisée chez certains jeunes, qui provoque pourtant des atteintes neurologiques graves.
Au centre de rééducation de l’Oiseau Blanc, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), les admissions se multiplient. Cinq jeunes y sont actuellement hospitalisés jour et nuit, partiellement paralysés à cause du protoxyde d’azote. Au deuxième étage, dans le secteur de rééducation neurologique, ils côtoient des patients victimes d’AVC ou atteints de la maladie de Parkinson.
Marc*, une vingtaine d’années, victime du « proto », est paralysé des jambes. Ce jeune homme souriant aux cheveux frisés se déplace désormais en fauteuil roulant, et partage sa chambre avec une « personne âgée ». Il préfère donner un prénom d’emprunt, car il dit avoir honte de sa situation.
« L’après-midi j’ai kiné et activité physique. Mon quotidien est ennuyant. Il n’y a rien à faire à part les séances. Le reste du temps, on reste dans la chambre pour dormir ou cogiter. Ce n’est pas une vie ».
Cette vie suspendue, il la doit à une habitude qui était devenue mécanique : enchaîner les bonbonnes en rentrant du travail, « quatre ou cinq fois par semaine », quand il était surveillant dans un collège. Il a consommé du protoxyde d’azote pendant quatre ans. Les premiers signaux d’alerte arrivent il y a quelques mois. « Ça m’a pris d’un coup au travail. J’ai eu des douleurs dans les jambes », raconte-t-il. « La douleur montait petit à petit. Ça a commencé par les pieds puis le bas du dos ». Avant que le gaz ne finisse par endommager son système nerveux. « Quand je vois des gens de mon âge marcher, courir, je me dis : c’est dommage. Je faisais du foot, je travaillais. Là, je ne fais plus rien ».
Marc témoigne aujourd’hui pour alerter, et dit souhaiter que ce type de produits soient interdits par la loi. La rééducation devrait lui permettre de remarcher dans quelques mois, à condition, précise l’équipe médicale, de ne pas replonger dans les ballons en rentrant chez lui.
En savoir plus : www.franceinfo.fr.