L’alcool sur les réseaux sociaux : on ne montre que ce que l’on veut voir !

 La publication des “alcohol posts”sur les réseaux sociaux est fréquente, notamment chez les adolescents et jeunes adultes. Il est bien démontré que la publication de tels « posts » sur les réseaux sociaux augmente la consommation d’alcool chez ceux qui les regardent. En revanche, peu d’études ont porté sur le contenu exact de ces posts, et sur le lien potentiel avec l’augmentation de consommation.

Alcool
La publication des “alcohol posts” (photos avec présence d’alcool) sur les réseaux sociaux est fréquente, notamment chez les adolescents et jeunes adultes (posts sur lesquels l’alcool est présent directement ou indirectement, sans nécessairement montrer les effets de l’alcool ; il s’agit le plus souvent de posts mettant en avant les aspects positifs de l’alcool). Il est bien démontré que la publication de tels « posts » sur les réseaux sociaux augmente la consommation d’alcool chez ceux qui les regardent. En revanche, peu d’études ont porté sur le contenu exact de ces posts, et sur le lien potentiel avec l’augmentation de consommation. Les auteurs néerlandais de cette étude ont cherché à mieux cerner le contenu exact de ces posts, et s’il existait un post « type », plus fréquent que les autres. Pour cela, ils se sont basés sur une méthodologie spécifique : une analyse de contenu des posts publiés par des enfants ou jeunes adultes (12-30 ans ; oui oui, cette étude incluait bien des mineurs). Ils ont ainsi constaté que la grande majorité des post avaient un contenu proche : les auteurs les ont appelé des posts « mesurés », c’est-à-dire qu’ils présentaient l’alcool sans référence directe aux effets négatifs de l’alcool. Ces posts mettent le plus souvent en avant les bénéfices de l’alcool. Les posts « extrêmes », comme par exemple ceux présentant des personnes alcoolisées fortement ou avec des conséquences pour celles, étaient quant à eux rares, tout comme les posts purement publicitaires. Ce travail confirme le fait que les posts publiés sur les réseaux sociaux impliquent principalement des posts dits « mesurés », qui ne font pas de référence directe aux effets négatifs de l’alcool, et que les posts mettant en évidence les dommages associés aux consommations sont plus rares. Ces auteurs proposent que cette surreprésentation de posts « mesurés » sur les réseaux sociaux (par rapport à la réalité et aux risques effectifs de l’alcool) pourrait être responsable d’une sous-représentation des risques associés à l’alcool chez les personnes se connectant sur les réseaux sociaux. Selon ces auteurs, ceci pourrait expliquer que l’exposition aux « alcohol posts » augmente le risque de consommer de l’alcool, par un biais de surreprésentation de ces effets positifs. A l’heure où la loi Evin a été détricotée pour mieux permettre la publicité active de l’alcool sur le web et les réseaux sociaux, ce travail apporte des éléments intéressants pour mieux prévenir les troubles liés à l’usage de l’alcool. Les réseaux sociaux sont un terrain que les addictologues et tous les acteurs de la prévention et du soin doivent conquérir, notamment pour travailler sur les représentations que les personnes ont de leurs consommations.

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