
Vincent a 39 ans et habite dans le Cher. Cet informaticien et père de 3 enfants est suivi au CHU de Clermont-Ferrand, qui est centre de référence pour le cannabis médical. Il souffre d’une pathologie de Charcot-Marie-Tooth (CMT) de type 1X, une neuropathie héréditaire dans laquelle les muscles des membres inférieurs deviennent faibles et s’atrophient. Il est également frappé par le syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile, qui est une maladie du tissu conjonctif qui provoque une hyperlaxité articulaire, une légère hyper-extensibilité cutanée, une fragilité tissulaire et des manifestations extra-musculo-squelettiques. Ce sont deux maladies génétiques. Il explique : “À cause de la CMT, il y a beaucoup de choses qui sont difficiles au quotidien. Je ne peux pas envisager de faire des gestes de précision et de minutie”. Ces maladies ont été diagnostiquées quand il avait environ 15 ans et le font terriblement souffrir.
« J’ai surtout voulu voir s’il y avait beaucoup moins d’effets secondaires »
Vincent a suivi des traitements médicaux lourds avant qu’on lui propose enfin de participer à une expérimentation de cannabis thérapeutique : “Je suis passé par beaucoup de médicaments, comme la morphine, l’opium, le tramadol. On nous donne ce genre de médicaments pour diminuer les douleurs. On bout d’un moment, on augmente les doses, ce qui n’est pas toujours acceptable pour le corps humain. On m’a alors proposé le cannabis médical. J’ai surtout voulu voir s’il y avait beaucoup moins d’effets secondaires. Je ne voulais plus être dans un état de zombie comme avec la morphine et l’opium. Ces traitements me rendaient mou. Les déplacements sont compliqués et j’avais une tête de shooté”. Le trentenaire a alors commencé le cannabis médical il y a 3 ans : “J’en prends sous forme de gouttes, matin, midi et soir. Au niveau de l’atténuation des douleurs c’est bénéfique, même si ce n’est pas aussi fort que la morphine ou l’opium. Je ressens un effet de décontraction. Je me sens apaisé. Le cannabis thérapeutique a amélioré mon quotidien. Le bénéfice est présent”.
Des pharmacies réticentes
Convaincu des bienfaits de ce traitement, il milite pour sa reconnaissance : “Je voudrais que l’usage du cannabis médical soit reconnu car c’est bénéfique. Je pense qu’il y a eu des résultats acceptables depuis le début de l’expérimentation. Cela ne donne à mon sens pas d’effets secondaires néfastes”. Seul bémol qu’il note, l’interdiction de conduire sous les effets du cannabis thérapeutique : “Normalement, quand je prends du cannabis médical, je n’ai pas le droit de conduire. Mais je suis obligé de conduire pour me rendre à mon travail. Ce n’est pas simple”. L’informaticien déplore également que certaines pharmacies aient eu certaines réticences pour délivrer le cannabis thérapeutique. Il a mis du temps pour trouver une pharmacie agréée.
Un traitement encadré
Pour le moment, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a retenu cinq indications thérapeutiques pour cette expérimentation :
- certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes
- certains symptômes rebelles en oncologie
- douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapeutiques accessibles
- situations palliatives
- spasticité douloureuses des pathologies du système nerveux central.
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