Le fardeau de l'alcool et l'exhortation de l'OCDE

Dans un rapport publié le 18 mai 2021, l’organisation internationale économique apporte sa contribution à l’analyse du risque alcool, et du fardeau que sa consommation représente pour la santé et l’économie. Un article de Bernard Basset, Vice-Président d’Addict’Aide et Président d'Addictions France

Alcool

L’OCDE part du constat qu’il n’y a pas de niveau de consommation d’alcool reconnu scientifiquement comme sans risque pour la santé. Dans le cadre de son rapport, l’OCDE définit la  » consommation nocive d’alcool  » comme excédant  » un seuil à moindre risque  » fixé à  » plus d’un verre d’alcool par jour chez les femmes et 1,5 verre chez les hommes « . Sur cette base l’OCDE établit les constats suivants :

  • La consommation excessive d’alcool fait perdre en moyenne près d’un an d’espérance de vie aux populations de 52 pays de l’OCDE, en raison des maladies et des accidents qu’elle cause, montre le rapport.
  • L’espérance de vie sera inférieure de près d’un an (0,9) au cours des 30 prochaines années en raison des maladies et des blessures causées par la consommation nocive d’alcool, calcule l’Organisation de coopération et de développement économiques dans ce rapport, qui porte sur 52 pays de l’OCDE, de l’Union européenne et du Groupe des 20 (G20).
  • La France se situe juste au-dessus de la moyenne, tandis que la Turquie et Israël apparaissent comme les moins concernés.
  • Les résultats sont obtenus en comparant l’espérance de vie en 2050 si les habitudes de consommation actuelles persistent avec un scénario où la consommation ne dépasserait pas ce  »  seuil à moindre risque « .
  • L’OCDE chiffre aussi le fardeau à 2,4% du total des dépenses de santé et estime que le PIB sera inférieur de 1,6% en moyenne chaque année dans les pays de l’OCDE au cours des 30 prochaines années si les choses ne changent pas.
  • Le rapport indique que les habitudes néfastes de consommation d’alcool, telles que la consommation des mineurs et l’alcoolisation massive ou « binge drinking », sont très répandues chez certaines catégories de la population. Un adulte sur trois se livre à un épisode de suralcoolisation par mois dans les pays de l’OCDE. Les femmes ayant fait des études supérieures et les individus situés aux deux extrémités de la distribution des revenus sont particulièrement à risque.

C’est pourquoi l’organisation internationale encourage les pays à « redoubler d’efforts pour lutter contre ce phénomène », notamment en limitant la promotion de l’alcool auprès des enfants et en favorisant des prix plus élevés.

Selon l’OCDE,  » la stratégie la plus efficace  » pour lutter contre la consommation nocive d’alcool passe par  »  limiter la promotion de l’alcool auprès des enfants « ,  » renforcer les contrôles de police pour prévenir les accidents de la route dus à l’alcool « ,  » développer l’offre de consultations pour les patients à risque  » et  » fixer des politiques de prix pour limiter l’accessibilité financière de l’alcool « .

Dans le même temps, l’OCDE relève que l’analyse des efforts déployés au niveau national pour réduire la consommation nocive d’alcool montre que, dans de nombreux pays, la mise en œuvre de stratégies sur le terrain, et l’efficacité de ces dernières, sont entravées par « des processus inadaptés, des ressources insuffisantes ou des problèmes pratiques », une façon de souligner par euphémisme que les intérêts économiques s’opposent à des politiques de santé efficaces.

Il faut relever que les analyses et préconisations de l’organisation économique internationale rejoignent celles des acteurs de santé qui, notamment en France, demandent les mêmes mesures structurelles sur les prix, la publicité ou l’offre d’alcool pour lutter efficacement contre les risques et les dommages qu’il entraine.

[1] https://www.oecd.org/fr/sante/les-pays-doivent-redoubler-d-efforts-pour-lutter-contre-la-consommation-nocive-d-alcool.htm