Le goût alcool, «un marketing qui prépare les enfants à boire des cocktails»

Président de la Fédération française d’addictologie, le professeur Amine Benyamina estime que ces nouveaux produits aux noms de cocktails favorisent le passage à la consommation de «vrai» alcool à l’âge adulte.

Alcool

Que pensez-vous de l’arrivée de ces nouveaux bonbons ?

AMINE BENYAMINA. C’est une campagne exécrable. Ces sucreries mélangent les genres, en surfant sur les boissons à la mode et sur le côté enfantin, la madeleine de Proust. Il ne s’agit pas de fabricants d’alcool et, pourtant, les références sont constantes sur les emballages. Cela donne un côté bon enfant à des produits qui sont régis par la loi. Les industriels jouent sur l’ambiguïté en s’adressant à des adultes, mais il s’agit tout de même de bonbons. Ces méthodes ne sont ni anodines, ni naïves, elles me font penser aux cigarettes au chocolat qui avaient été interdites dans les années 2000. On offre de l’alcool sans alcool à des jeunes.

Au-delà des bonbons, il s’agit aujourd’hui d’un phénomène marketing. Faut-il s’en inquiéter ?

Oui, il donne une image positive et permissive. Les enfants et les ados peuvent se dire, plus tard, je consommerai ces cocktails. Il s’agit d’une éducation au goût. Ce marketing les prépare à en boire, on est dans la banalisation complète de l’alcool. C’est la même chose avec le virgin mojito, sans rhum, qui est un piège. Les enfants en consomment, en attendant d’avoir le droit de boire, un jour, le vrai mojito. Je trouve ces inventions malsaines. Finalement, cette nouvelle tendance montre que l’alcool est un phénomène de société à travers des spots et des publicités efficaces.