Le lien entre consommation d’alcool et santé est-il différent selon les capacités cognitives des personnes ?

Les personnes ayant des capacités cognitives plus élevées (comprendre, un quotient intellectuel plus élevé) ont habituellement une meilleure santé.

Alcool

Les personnes ayant des capacités cognitives plus élevées (comprendre, un quotient intellectuel plus élevé) ont habituellement une meilleure santé. La consommation d’alcool a un impact délétère sur la santé, mais nous ne savons pas si ce lien varie selon les capacité cognitives des sujets

 

L’objectif de cet article, écrit par des chercheurs norvégiens et britanniques en santé publique, était d’étudier le lien entre les capacités cognitives, la consommation d’alcool, et d’autres mesures de santé. Leur idée était que la consommation d’alcool pouvait être associée à des facteurs différents selon les capacités cognitives des personnes (considérées comme « faibles », « moyennes » ou « élevées »). En d’autres termes, il serait possible qu’une telle relation puisse exister entre consommation d’alcool et santé dans le groupe de personnes ayant des capacités cognitives plus faibles, mais pas dans le groupe de personnes ayant des capacités cognitives plus élevées (ou inversement).

 

En se basant sur la « modeste » population de 63’120 hommes norvégiens (les scandinaves sont fidèles à leur réputation d’arriver à réaliser des études épidémiologiques de grande ampleur), ces auteurs ont cherché un lien éventuel entre les capacités cognitives au début de l’âge adulte et la survenue ultérieure (« au milieu de la vie », soit plusieurs dizaines d’années après) de différentes mesures de santé (poids, tabac, fréquence cardiaque, pratique d’une activité physique, santé mentale).

Les résultats très intéressants de cette étude montraient que si les personnes ayant des capacités cognitives plus élevées avaient tendance à consommer plus d’alcool, il existait effectivement un impact différentiel de la consommation d’alcool en fonction des capacités cognitives. Tout d’abord, d’une manière générale, la consommation d’alcool était associée à une moins bonne santé (plus grande fréquence du surpoids/obésité, du tabagisme, moins bonne santé mentale, moins d’activité physique, fréquence cardiaque plus élevée) : chaque jour supplémentaire de consommation était associée à une augmentation de 0.54% du risque de tabagisme, et à une augmentation de 0.14% de problème de santé mentale. Ces différentes associations variaient selon les capacités cognitives des sujets : chez les personnes ayant des capacités cognitives plus faibles, chaque jour supplémentaire de consommation était associée à une augmentation de 0.87% du risque de tabagisme, et à une augmentation de 0.44% de problème de santé mentale (contre respectivement 0.48% et 0.10% pour le groupe ayant des capacités cognitives modérées et 0.49 et 0.09% pour le groupe ayant des capacités cognitives plus élevées).

Ainsi, chez les patients ayant des capacités cognitives plus faibles, la consommation d’alcool est moins importante mais lorsqu’elle est présente, elle est associée à une moins bonne santé sur le plan physique et psychique. Des approches différentes pourraient être proposées selon les capacités cognitives des sujets pour prévenir ces risques.

Par Paul Brunault

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