Le point sur l’utilité des programmes d’activité physique adaptée dans l’addiction à l’alcool

Alcool

Dans Alcoholism Clinical & Experimental Research, qui est une revue de référence internationale sur le trouble d’usage d’alcool, vient de paraitre un éditorial qui se veut une courte mise au point sur l’intérêt de l’exercice physique dans le trouble d’usage d’alcool. L’auteure, Rosana Camarini, est une pharmacologue de l’institut de Sao Paulo, au Brésil.

Souvent, les termes d’activité physique et d’exercice physique sont utilisés de manière interchangeable, même s’il existe des différences subtiles entre les deux concepts. En particulier, l’activité physique peut se faire de manière plus ou moins involontaire, par exemple lorsqu’il faut marcher ou faire du vélo pour se rendre quelque part, tandis que la notion d’exercice est davantage planifiée dans l’emploi du temps. La frontière peut être difficile à définir toutefois, car on peut faire volontairement de l’activité physique pour un besoin de déplacement, alors que d’autres choix (voiture, transports en commun) étaient possibles.

D’une manière générale, dans la population générale, la pratique d’une activité physique régulière est bénéfique pour réduire le stress, améliorer la qualité du sommeil, réguler le poids, et optimiser la santé physique et mentale, et la qualité de vie. Chez les personnes atteintes d’addiction, les aspects d’enchainement au comportement addictif restreignent progressivement les habitudes de vie, et l’activité physique peut être grandement impactée, ce qui participe à la détérioration physique et psychologique des personnes. L’intérêt d’une reprise progressive et adaptée de l’exercice physique chez ces personnes est donc particulièrement important dans la prise en charge globale, notamment avec une perspective de réhabilitation. Les aspects neurobiologiques de ces bénéfices sont mal connus, mais Rosana Camarini évoque les différentes hypothèses, notamment le rôle du système endorphine, du système endocannabinoïde, ou bien le rôle immunomodulateur et la régulation du stress oxydant que l’exercice physique régulier apporte à l’organisme.

L’auteure rappelle aussi que l’exercice physique permet de limiter les usages de drogues et de réduire les symptômes de sevrage. Les bénéfices de l’exercice physique dépendent toutefois de nombreux paramètres, tels que l’âge, le genre, le capital antérieur de condition physique, et la sévérité du trouble. Il est donc important de bien évaluer tous ces paramètres lors du bilan initial, et cela démontre toute l’utilité et l’expertise de professionnel(le)s diplômé(e)s pour cela, en particulier les enseignants en Activité Physique Adaptée (APA).

La littérature scientifique évaluant les interventions structurées en APA commence à s’étoffer. Ainsi, une étude récente a montré qu’un programme permettait de significativement réduire le craving pour l’alcool, mais aussi les symptômes de dépression et d’anxiété chez les patients avec addiction à l’alcool. Les patients qui s’investissent dans les programmes d’APA sont ceux qui ont une plus forte motivation au changement. Ces approches fonctionnent aussi en cas de troubles duels, chez des patients avec comorbidité psychiatrique sévère. Pour les lecteurs intéressés, une revue de littérature récente et plus complète que l’éditorial de ACER est parue il y a quelques années dans J Psychopharmacology.

Lien vers l’article 

Par Benjamin ROLLAND