Invité de BFM-TV et RMC mercredi 16 janvier, le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume, était interrogé sur la question de l’alcool en France. Pour lui, si « l’addiction à l’alcool est dramatique », il faut, cependant, distinguer le vin, « qui n’est pas un alcool comme un autre », notamment car il n’est pas celui consommé par les jeunes en boîte de nuit.
Ce qu’il a dit : « Le vin n’est pas un alcool comme un autre. (…)L’addiction à l’alcool est dramatique, et notamment dans la jeunesse, avec le phénomène du “binge drinking”. Mais je n’ai jamais vu un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du côtes-du-rhône, du crozes-hermitage, du bordeaux, jamais. Ils boivent des mélanges, de l’alcool fort. »
POURQUOI C’EST UN DISCOURS PROBLÉMATIQUE
Commençons par l’évidence : l’alcool contenu dans le vin a exactement les mêmes propriétés et les mêmes effets que celui présent dans d’autres boissons alcoolisées.
Différencier le vin des autres alcools est « une hérésie, un discours ravageur », estime Jean-Pierre Couteron, psychologue spécialiste des addictions, et ancien président de la fédération Addiction. « Avec ses propos [Didier Guillaume], transforme l’alcool que contient le vin en autre chose. Pourtant de l’éthanol, c’est de l’éthanol », poursuit-il.
Si le vin peut contenir quelques traces d’éléments aux propriétés bénéfiques (tanins, resvératrol), ceux-ci ne changent pas le fait que cette boisson contient de l’alcool, au même titre que la bière ou les spiritueux. C’est précisément ce que rappelait la ministre de la santé et médecin de métier, Agnès Buzyn, en février 2018 :
« Aujourd’hui, l’industrie du vin laisse à croire que le vin est un alcool différent des autres alcools. Or, en termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. Il y a zéro différence ! […] On laisse penser à la population française que le vin serait protecteur, apporterait des bienfaits […]. C’est faux. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »
Un propos étayé par de très nombreuses études scientifiques. Une analyse, portant sur quelque 700 études sur le sujet et publiée en août 2018 par The Lancet, avait abouti à une conclusion on ne peut plus claire : pour être en bonne santé, il ne faut pas boire.
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