L’ensemble de la communauté addictologique a réagi avec consternation, sinon stupéfaction, aux révélations diffusées sur France Inter, lundi 11 septembre, sur les dessous de l’annulation des campagnes de Santé publique France, prévues de longue date et supprimées sous la pression du lobby alcoolier et, en particulier, du lobby vitivinicole. Nous ne découvrons évidemment pas l’interventionnisme de ce secteur économique sur les acteurs de santé qu’ils ne cessent de vilipender, alors que les conséquences de la consommation d’alcool sont de plus en plus indiscutables. Mais, jusqu’à présent, leurs vitupérations n’avaient pas permis d’obtenir la censure systématique de campagnes de prévention. Une étape supplémentaire a été franchie, qui est très inquiétante pour l’ensemble des sujets de prévention, et pas seulement celui des risques liés à la consommation d’alcool.
Le lobby alcoolier a fixé, de manière impériale, les conditions et les limites strictes dans lesquelles la prévention pourrait, à la rigueur, s’effectuer : elle devrait toucher le moins de monde possible (par exemple, uniquement les plus jeunes, sur les accidents), mais il est hors de question d’informer la population générale sur les risques, pourtant bien avérés et documentés scientifiquement, de cancers ou d’accidents vasculaires cérébraux, des mots qu’il ne faut surtout pas associer à l’alcool.