L'usage de drogues doit être dépénalisé

Une policière adresse une lettre ouverte aux députés et sénateurs à propos de la répression de l'usage de drogues, et de l'amende forfaitaire délictuelle, dans le cadre de l'examen en procédure accélérée du projet de loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice.

Autres drogues

Ancienne policière, Bénédicte Déforges connaît de l’intérieur les réalités du trafic et de la consommation de drogues contre lesquels elle a lutté de nombreuses années. Son constat est clair et basé sur des faits qu’elle a pu observer durant toute sa carrière : la guerre contre la drogue menée depuis les années 70 par le gouvernement n’a pas eu l’effet escompté. Cette politique anti-drogue dérive d’une vision fantasmée du trafic de drogues et de ses acteurs vu comme des Pablo Escobar en herbe.

La réalité est bien moins « prestigieuse » et on croise plus souvent des petits trafiquants et des consommateurs que des grands bonnets de la drogue. L’ancienne membre des forces de l’ordre revient aussi sur la stratégie prohibitionniste de l’Etat français vis à vis des drogues qui, selon elle, n’a pas du tout produit les résultats escomptés et entrave la prévention en particulier la contraventionnalisation récemment mise en place :

« Ce projet d’amende forfaitaire court-circuite et élude encore une fois le débat qui n’a jamais eu lieu sur une politique des drogues et de santé publique réaliste. »

Elle estime que cette mesure compliquera davantage le travail des forces de police et renforcera les stigmatisations faites à certains types de populations.

« Ils pourront verbaliser les récidivistes, par exception à la disposition concernée du code de procédure pénale. Qu’importe si la récidive a lieu le jour même, qu’importe si elle cache une toxicomanie. »

L’approche morale de la lutte contre les drogues est selon elle hors propos car elle n’engendrerait uniquement de l’insécurité et de la criminalité endémique au trafic. Elle estime aussi que la consommation de drogue est une conduite individuelle à risque et non une atteinte aux auters citoyens, il faudrait donc passer par une prise en charge plutôt que par une sanction.