Lutte contre l'alcool : des mesures "bien en deçà de la gravité du problème"

Un groupe d'experts en santé publique dénonce l'absence de mesures contre la consommation d'alcool, le poids des lobbies alcooliers et l'absence de courage politique du gouvernement concernant son Plan Prévention Santé.

Alcool

« C’est catastrophique ». Le Pr Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie, président du Fonds action addiction ne mâche pas ses mots. Comme d’autres de ses confrères, il réagit très vivement aux mesures de prévention contre les dommages de l’alcool, annoncé dans le Plan National de Prévention. Ou plutôt, à leur quasi-inexistence. Alors que l’alcool tue presque 50 000 personnes chaque année en France, le gouvernent n’affiche aucune volonté politique de s’atteler au problème.

Un groupe de neuf experts en santé publique, dont le Pr Reynaud, estime, dans un communiqué de presse, que les mesures proposées par le gouvernement sont « bien en deçà de la gravité du problème« . Selon eux, l’Etat est démissionnaire. « La responsabilité de l’alcool dans les dommages sanitaires et sociaux est du ressort de la puissance publique. L’Etat ne peut se limiter à des mesures cosmétiques face aux encouragements forcenés à consommer qui se multiplient », écrivent-ils. Les médecins pointent du doigt un « écart abyssal, témoin manifeste des pressions du lobby de l’alcool« . Déçu, le Pr Reynaud n’est pas pour autant surpris. « Ces choix sont dans la lignée des déclarations du Président de la République et de celles du porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. »

Un (trop) petit pictogramme pour avertir des dangers de l’alcool pendant la grossesse

La seule initiative de prévention présente dans le Plan concernant l’alcool est l’augmentation de la taille du pictogramme pour les femmes enceintes. Les experts jugent cette mesure « très circonscrite » et estiment qu’elle « ne suffira pas à faire évoluer favorablement la situation« . « Ce pictogramme, c’est tout ce que les alcooliers ont accepté de lâcher, pour donner l’impression qu’il y avait une mesure de prévention.  En plus, il est tellement dérisoire par sa taille, qu’il ne correspond même pas aux normes européennes. Il est évident que l’on ne réduira pas la mortalité avec cela », note le Pr Reynaud.