"Les étrangers" : des biographies avec textes et dessins de Frédéric Pajak - Manifeste incertain 10

Cet ouvrage redonne notamment vie à Malcom Lowry, un écrivain mort en 1957 avant ses cinquante ans, laissant derrière lui une oeuvre habitée par les usages d’alcool.
Editions Noir sur Blanc - Janvier 2025

Alcool
Manifeste incertain 10 les étrangers biographies dessinées Frédéric Pajak

Sous la plume et le crayon de l’auteur dessinateur Frédéric Pajak, Malcom Lowry, le célèbre auteur du roman « Au-dessous du volcan », refait surface.

L’ouvrage, qui associe textes et dessins, sans lien évident, redonne vie à un écrivain mort en 1957 avant ses cinquante ans, laissant derrière lui une oeuvre habitée par les usages d’alcool.

Les crayonnés en noir et blanc qui accompagnent le récit d’un parcours de vie imbibée, racontent d’autres histoires, d’autres moments, ou alors les mêmes mais avec le recul nécessaire, la distance d’un regard subjectif, un pas de côté pour nous faire entrer dans la fiction…

Malcom Lowry s’est longtemps exilé de son pays natal, l’Angleterre, pour tenter de nouvelles aventures, ailleurs. La boisson l’a accompagné tout au long de son périple, des Etats-Unis au Canada, en passant par la France et le Mexique. Gageons que les usages familiaux de son enfance, en l’occurrence ceux de son père, ont laissé leur empreinte…

« Au-dessous du volcan » est l’oeuvre emblématique de Malcom Lowry. Elle raconte l’histoire d’un consul britannique au Mexique qui, suite au départ de sa femme, se réfugie dans un usage chronique d’alcool, notamment le mescal, boisson alcoolique locale. Le retour de son épouse ne fera qu’aggraver la situation.

Le récit est à la troisième personne, mais les consommations d’alcool pour Lowry l’ont toujours été à la première personne.

Le romancier a accordé une grande place à cette substance dans sa vie, une vie longtemps faite d’errances sentimentales et géographiques, et encombrée de lettres de refus de publication qui n’ont pas empêché l’auteur de conserver foi en son oeuvre, oeuvre qui finit par être reconnue à sa juste valeur. Le succès ne mit pas un terme à ses usages addictifs qui le suivront jusqu’à son décès, avec des moments plus apaisés et sobres que d’autres…

La biographie proposée ici par Frédéric Pajak n’élude en aucun cas le sujet des usages psychoactifs, bien au contraire, puisqu’ils furent pour le romancier un compagnon de route précieux mais toxique, toxique mais précieux. L’alcool a souvent été pour Lowry l’occasion de s’anesthésier totalement, pour remettre les compteurs à zéro en quelque sorte, et chasser le mauvais goût de la vie dans sa bouche.

Malcom Lowry meurt le 27 juin 1957 d’une surdose d’alcool et de somnifères. Il fait partie de ces auteurs que l’on a du mal à mettre à distance de leurs usages personnels, mais à qui l’on doit de très belles pages de littérature sur le sujet, écrits qui savent associer la réalité et l’imaginaire des drogues…

Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr